Sans devises étrangères, l’État est incapable d’importer du fuel comme il le faisait auparavant. Résultat: les Libanais grelottent de froid chez eux.   

Le pays du Cèdre est empêtré depuis octobre 2019 dans une terrible crise économique, monétaire et financière qui fait vivre les Libanais au rythme de rationnements divers, dont le plus important est celui du mazout, par un hiver particulièrement rude. La source du problème est la suivante: n’ayant plus de devises étrangères, l’État est incapable d’importer du fuel comme il le faisait auparavant.

Selon un importateur et distributeur privé, l’État libanais, qui importait environ 30% du mazout du marché, n’importe plus rien du tout, étant en rupture de devises étrangères avec lesquelles la substance est payée. La catastrophe se situe à ce niveau, compte tenu de la demande très forte en hiver, surtout cette année, où les conditions météorologiques sont particulièrement difficiles et les températures très basses. Partant, les importateurs privés ont été obligés de commencer à rationner, les quantités étant insuffisantes pour répondre aux besoins du marché.

Quels sont les critères d’importation? " Nous nous référons aux ventes de l’année précédente à la même époque et nous importons en conséquence ", explique cet importateur. " Janvier est un mois important, mais cette année, il l’est beaucoup plus que janvier 2021, d’une part parce qu’il fait plus froid, et d’autre part parce que l’État, qui importait de quoi renflouer les deux ex-raffineries de stockage à Tripoli et Zahrani, n’a pas importé un seul litre du précieux combustible en raison du manque de devises étrangères ", explique-t-il.

Par ailleurs, Électricité du Liban a réduit sa production, provoquant des rationnements de courant atteignant jusqu’à 21 heures par jour. Les générateurs privés prennent donc le relais, mais requièrent du mazout pour tourner, ce qui augmente la demande sur le marché. Le froid et les générateurs absorbent effectivement beaucoup de diesel, mais il ne faut pas oublier les usines, boulangeries et autres qui ont également besoin de mazout pour assurer leur fonctionnement.

La solution? Aucune pour le moment. Les Libanais se voient donc désormais obligés de planifier leur vie au rythme des rationnements… et d’avaler jusqu’à la lie – voire jusqu’à l’hallali – le calice de l’État failli.