Le premier vice-gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Wassim Mansouri, a affirmé, jeudi, que "la Banque du Liban travaille à établir un état de stabilité en attendant des solutions majeures qui nécessitent l’action des forces politiques", rappelant "travailler toujours d’arrache-pied pour empêcher le Liban d’être inclus sur la liste grise du Gafi".

Dans une allocution qu’il a prononcée lors de l’ouverture du "Forum annuel de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme: les répercussions de l’économie monétaire sur le système bancaire", organisé par l’Union des banques arabes (UBA), à l’hôtel Phoenicia, il a assuré que la tenue de ce forum à Beyrouth reflète l’engagement ferme de l’UBA à soutenir le secteur bancaire au Liban et à renforcer la coopération entre les banques arabes.

"La question de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme constitue une priorité pour le Liban, qui a parcouru un long chemin dans ce domaine", a-t-il dit avant de noter que le Liban a surmonté de nombreuses difficultés, la plus importante étant son inscription en 2000 par le Groupe d’action financière (Gafi) pour lutter contre le blanchiment d’argent sur la liste des pays non coopératifs, en raison de l’existence d’une loi sur le secret bancaire qui entravait le travail des enquêtes internationales et l’absence, à l’époque, d’une loi indépendante pour lutter contre le blanchiment d’argent.

Depuis lors, le Liban a pris les mesures nécessaires, à commencer par l’adoption d’une loi anti-blanchiment basée sur les recommandations du Groupe d’action financière, en passant par l’élaboration d’un cadre réglementaire intégré et la création d’un organisme d’enquête spécial.

La décision du Gafi sera approuvée à l’automne prochain et le premier vice-gouverneur assure travailler "d’arrache-pied" pour éviter que le Liban ne soit placé sur la liste grise. Le rapport d’évaluation réalisé par le groupe régional souligne que les autorités locales doivent apporter des modifications aux lois et mesures en vigueur, conformément aux exigences de conformité à l’ensemble des normes internationales de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Il a indiqué que le Liban a obtenu des notes satisfaisantes, quoiqu’incomplètes, dans l’évaluation générale de la conformité technique, puisqu’il a obtenu une note conforme ou largement conforme dans 34 recommandations sur 40 approuvées par les organismes de réglementation internationaux.

En ce qui concerne l’efficacité, le Liban a reçu un score faible, ce qui révèle l’insuffisance des lois et des procédures en matière de poursuites, d’allégations et de décisions judiciaires concernant les délits de blanchiment d’argent. Aussi, le Liban doit-il élaborer un plan d’action participatif avec les autorités locales concernées pour renforcer l’efficacité du système libanais de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

M. Mansouri a par ailleurs rappelé que, depuis le début de la crise jusqu’à aujourd’hui, l’économie a connu une forte contraction, le produit intérieur (PIB) étant passé d’environ 55 milliards de dollars par an à moins de 20 milliards et la livre libanaise a perdu 98% de sa valeur, tandis que l’inflation moyenne a atteint 221,3% en 2023. Quant au budget, il est passé de 17 milliards de dollars à 3,2 milliards.

Ces crises ont créé un état de méfiance parmi les déposants qui a détourné l’activité économique du système bancaire pour devenir une économie du cash informelle, ce qui représente un risque majeur pour l’État et menace d’annuler les progrès réalisés par le Liban dans le domaine de la lutte contre le blanchiment d’argent dans le secteur bancaire.

Il a rappelé que, dans ce cadre, la BDL a publié la circulaire 165, qui autorise l’ouverture de nouveaux comptes avec des fonds en espèces en dollars et en livres libanaises et introduit d’importantes modifications au système de surveillance des opérations financières et bancaires afin de lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Grâce à ces politiques, la masse monétaire a diminué de plus de 25% depuis le début de l’année 2023, pour atteindre actuellement 59.000 milliards de livres à la mi-août (2024). Quant aux réserves en devises de la Banque centrale, elles ont enregistré un excédent supérieur à un milliard et 800 millions de dollars depuis août 2023, passant à 10,388 milliards de dollars contre une masse monétaire inférieure à 700 millions de dollars.

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