Le Conseil des ministres, réuni jeudi à Baabda.

Le Conseil des ministres a donné son feu vert pour la démolition des silos de Beyrouth, détruits par l’explosion du 4 août 2020, au cours de la réunion qu’il a tenue jeudi au Palais de Baabda sous la houlette du chef de l’Etat, Michel Aoun, au grand dam des parents des victimes, farouchement hostiles à toute tentative d’effacer les traces de la troisième plus grande explosion non nucléaire au monde. Ceux-ci ont organisé en fin d’après-midi un rassemblement de protestation devant le site détruit.

A l’issue de la séance du cabinet, le ministre de l’Information, Ziad al-Makari, a annoncé que le Conseil des ministres a accepté les recommandations du comité chargé de la question des silos et qu’il a chargé le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) d’en superviser la démolition. Les recommandations étaient basées sur un rapport technique élaboré par l’entreprise de génie civil, Khatib et Alami. A la place des silos, le ministère de la Culture devrait édifier un mémorial.

L’ordre du jour de 29 points était majoritairement constitué de sujets économiques et financiers, dont la crise de blé découlant d’un blocage, faute de fonds disponibles, des subventions de l’importation de blé. Selon les explications du ministre de l’Information, les subventions ne seront pas levées sur le blé importé pour la fabrication de pain arabe, ce qui laisse entendre qu’elles pourraient l’être pour la farine et le blé qui entrent dans la confection d’autres produits. Il a fait état de délibérations autour de la crise de blé mais sans vouloir dire à quel sujet.

L’utilisation des Droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international (FMI) a été discutée. Le Conseil des ministres a donné son accord pour un retrait de 15 millions de dollars des DTS afin de subventionner l’importation de blé, à la demande la Banque centrale. Selon M. Makari, les retraits des DTS seront "examinés à la pièce" pour la subvention notamment de l’achat de médicaments et l’octroi d’une avance à Electricité du Liban pour l’entretien du réseau électrique. A ce sujet, le ministre de la Santé, Firas Abiad, devait plus tard informer les importateurs de médicaments que le gouvernement a accepté de leur transférer 13, 3 millions de dollars des DTS destinés à l’achat de médicaments pour le traitement du cancer et de maladies chroniques, de laits pour enfants, de matières premières nécessaires à l’industrie pharmaceutique locale et d’équipements médicaux. Selon lui, la Banque du Liban a commencé à effectuer les transferts nécessaires.

Un projet de loi visant à permettre au gouvernement d’emprunter auprès de la Banque du Liban sur la base de l’article 91 de la loi monétaire et de crédit a été évoqué. Décision a été prise de l’envoyer pour examen au Parlement.

Le gouvernement n’a pas non plus pris de décision au sujet d’une levée du secret bancaire sur les comptes des fonctionnaires et de toute personne qui s’occupe des affaires publiques, par le biais d’un amendement de la loi du 3/9/1959. L’examen de ce texte devra se poursuivre au cours du prochain Conseil des ministres. Il s’agit d’une des réformes requises par le Fonds monétaire international. A cette occasion, l’accord-cadre avec le FMI a été présenté et les ministres ont été invités à soumettre leurs suggestions pour qu’elles soient étudiées lors d’une session ultérieure. Cet accord permettra d’obtenir une aide financière de trois milliards de dollars étalés sur quatre ans, à condition que le Liban mette en œuvre des réformes.

Une commission ministérielle présidée par le ministre du Tourisme, Walid Nassar, a par ailleurs été formée pour préparer la visite du pape au Liban, en principe les 12 et 13 juin.

Des élections à temps

Au début de la réunion, Aoun a souligné que "la visite de Sa Sainteté le Pape est d’une grande importance nationale, spirituelle et humaine". "Nous l’organiserons en coopération avec le Comité ecclésiastique émanant du Conseil des patriarches et évêques catholiques et la commission nationale formée à cet effet", a-t-il dit. Il a assuré que les législatives auront lieu dans les délais et demandé au ministre des Finances d’accélérer le déblocage des fonds destinés aux ministères, notamment celui des Affaires étrangères, pour qu’ils puissent poursuivre les préparatifs logistiques du scrutin. Il a énuméré les dossiers des réformes qui doivent être approuvées avant la fin du mandat de la Chambre et qui se rapportent principalement à la réorganisation du secteur bancaire et des finances publiques.

De son côté, le chef du gouvernement, Najib Mikati, a souligné les efforts déployés par son équipe pour régler les problèmes qui se posent "malgré l’ambiance négative que certains véhiculent". "La sécurité est stable par rapport à ce qu’elle était avant, et l’aide aux familles dans le besoin est gérée par le ministre des Affaires sociales en toute moralité et sans clientélisme politique, et l’argent est distribué aux familles les plus nécessiteuses", a-t-il dit.
Lui aussi a assuré que les législatives auront lieu à la date fixée, soit le 15 mai 2022.

Commentant le retour des ambassadeurs arabes, M. Mikati s’est dit rassuré par "un retour de la sérénité au niveau des relations arabes du Liban, en particulier avec les pays du Conseil de coopération du Golfe". "Nous poursuivrons les démarches pour les renforcer et les développer. Malgré l’atmosphère négative qui règne, nous sommes convaincus que nous faisons tout le travail qui nous est demandé", a-t-il dit.

Avant le Conseil des ministres, MM. Aoun et Mikati ont tenu une réunion en tête-à-tête.