La fiscalité, la politique monétaire et la nécessité de restructurer le secteur bancaire ont été au cœur d’une rencontre organisée par l’association 100% Liban et Executive Magazine pour évaluer et discuter de la situation financière et monétaire du Liban.

Les experts ayant pris part à cette rencontre recommandent que la fiscalité tienne compte des spécificités du Liban et accompagne son évolution. Parmi ces particularités, apparaît la difficulté de la collecte des impôts qui doit être traitée en priorité avec un plan d’action crédible. Il est également souhaitable de réduire les dépenses publiques. À ce titre, il convient d’adresser un début de réponse au sureffectif de la fonction publique. Enfin, les experts sont sceptiques sur les recommandations du Fonds monétaire international (FMI) en matière fiscale. La dureté de la crise nous donne le devoir de traiter en priorité la collecte et la réforme de l’État avant de poursuivre toute fuite en avant.

Il est apparu rapidement au cours des discussions qu’aucune politique monétaire viable ne peut voir le jour sans traiter l’endettement de l’État ainsi que l’endettement de la Banque du Liban à l’égard des banques. Fixer une parité pour la monnaie et être capable de l’accompagner passe par la restauration des grands équilibres. Il existe des mécanismes. Leur mise en œuvre dépend fondamentalement de la volonté politique. Toutefois, sans une économie libre à l’écart des contraintes miliciennes, le Liban ne pourra assurer son redressement.
La restructuration bancaire est une nécessité. Cependant, l’approche gouvernementale retenue est hasardeuse et risque de conduire à la disparition de l’appareil bancaire. Or aucune économie moderne ne peut se développer durablement sans une intermédiation bancaire. Nul doute que la restructuration à venir se fera autour de la productivité, allant de pair avec la capacité à maîtriser et développer les vrais métiers de la banque.

Un point commun ressort de ces trois thèmes: le besoin de confiance. Sans le retour de la confiance, aucune solution pérenne ne pourrait être mise en œuvre.

Rappelons que le Liban s’est relevé de la guerre civile par lui-même, et non grâce aux aides internationales. Le destin du Liban est donc plus que jamais entre les mains de ses citoyens.

Gérard Charvet