À partir du 21 juillet 2022, les cartes bancaires liées aux comptes en lollars cèderont la place progressivement aux cartes liées à des comptes en dollars frais.

Le 1er juillet, un client de longue date d’une banque libanaise a reçu le message suivant: " Cher client, prière de noter que toutes les opérations menées à un point de vente, en dollars libanais (lollars) seront suspendues au Liban. Aussi, votre carte bancaire en lollars libanais sera annulée ". Une formule on ne peut plus lapidaire et décontenançante. .

Depuis 2021, les cartes bancaires en lollars ou dollars bancaires ne servent plus à acheter des biens de consommation ou des biens durables. Elles sont en train d’être progressivement retirées du marché par les banques en attendant une officialisation de cette démarche par la Banque centrale.

Cette catégorie de cartes était utilisée pour retirer des guichets électroniques des livres libanaises en application de la circulaire 151 qui permet au déposant de retirer ses lollars – selon un plafond fixé par sa banque à lumière du solde de son compte – en livres suivant le taux de 8.000LL pour un dollar.

Normalisation d’une situation

À partir du 21 juillet 2022, les cartes bancaires liées aux comptes en lollars cèderont la place progressivement aux cartes liées à des comptes en dollars frais. Les POS dans les points de vente de produits ou de services et les guichets électroniques des banques seront équipées de nouveaux terminaux de paiement électronique qui n’accepteront que les cartes bancaires libellées en dollars frais. Il en est de même en ce qui concerne les ventes en ligne à l’intérieur du Liban.

Pour certains observateurs, il s’agit là d’une mesure qui augure de l’amorce d’un processus de réorganisation progressive des moyens de paiement bancaire, alors que pour d’autres, il s’agit d’une sorte de normalisation d’un état des lieux qui a pris forme jour après jour à la suite du déclenchement de la crise financière au lendemain du 17 octobre 2019.

Une série d’interrogations 

Quelle que soit l’hypothèse du moment, il faudra un peu de temps avant d’appréhender les contours réels de l’étape future. Cela dit, des questions s’imposent.

Cette démarche signifie-t-elle une lirification des fonds déposés en dollars auprès des banques après le 17 octobre 2019? Pave-t-elle la voie à un allègement des restrictions imposées aux opérations de retrait à partir des comptes bancaires en livres? Est-ce que les comptes en lollars ne seront plus ponctionnés sachant qu’il y a des frais de compte de près de 30 lollars qui sont prélevés sur lesdits comptes deux fois par an?

Un allègement, s’il a lieu, représenterait un grand soulagement tant pour l’ayant droit économique que pour l’agent économique. La difficulté d’accès aux liquidités en livres est en train de peser sur la consommation et de gripper toute la chaîne d’approvisionnement.

L’arrêt de la circulation des cartes bancaires liées à des comptes en lollars ainsi que le refus d’accepter des chèques libellés en dollars bancaires par les établissements de crédit coupent court au désordre du marché parallèle des escomptes sur les paiements effectués en lollars. Des escomptes qui auraient atteint plus de 85%, ces derniers jours. À quelque chose malheur est bon, est-on tenté de dire.