Après un premier rapport publié dans l’après-midi de dimanche par l’Association libanaise pour la démocratie des élections (LADE), dans lequel elle documentait des " violations massives " dans le processus de vote, l’association précise dans son deuxième rapport avoir recensé " quasiment les mêmes violations " tout au long de la seconde partie de la journée, alors que le " chaos dominait les bureaux de vote " et qu’une " intense campagne électorale " se poursuivait " dans et autour " de ces derniers.

Dans son deuxième rapport publié sur son site web, l’Association libanaise pour la démocratie des élections (LADE) a signalé une persistance des violations liées au secret du scrutin, des cas d’escorte d’électeurs derrière l’isoloir, ainsi qu’une rupture du silence électoral, sans qu’aucune procédure claire et stricte ne soit déployée par le ministère de l’Intérieur afin de limiter ces infractions, en dépit de toutes les plaintes. De plus, la LADE a indiqué que, comme durant la première partie de la journée, des observateurs de son association ont été attaqués, battus et menacés à plusieurs reprises dans de nombreuses régions par des délégués de liste: à Saïda et à Tyr par des représentants du tandem chiite, dans le Chouf par des représentants du Parti socialiste progressiste, à Mansourieh par des représentants des Forces libanaises, et à Aley par des représentants du Parti démocratique libanais. Ces altercations auraient ainsi obligé nombre de ses observateurs à se retirer de certains centres et régions.

Des problèmes de sécurité

Selon le même rapport, plusieurs problèmes sécuritaires ont également été enregistrés dans l’après-midi entre les délégués des candidats et les différentes machines électorales, allant jusqu’à l’agression de certains candidats. Cela a conduit même un certain nombre de centres à suspendre le processus de vote pendant un laps de temps. Dans ce contexte, les observateurs de la LADE ont documenté une attaque des partisans du Hezbollah et du mouvement Amal contre le candidat Wassef Haraké au bureau de vote de Bourj Barajneh. Un problème a également été recensé entre les forces de sécurité et la machine électorale du mouvement Amal à Kfar Sir au Liban-Sud. À Bireh, dans le Akkar, des tirs ont interrompu le processus électoral pendant environ deux heures dans l’un des bureaux de vote, après que le chef du bureau et l’assesseur ont été attaqués. Une polémique a également été enregistrée à Bakhoun entre des représentants du député Jihad al-Samad et d’autres du candidat Abdel Aziz al-Samad, ce qui a conduit à la fermeture du bureau de vote. À Haouch el-Oumara, à Zahlé, le scrutin a été interrompu en raison d’un sérieux conflit.

Scènes de chaos

Des scènes de chaos dans plusieurs bureaux de vote au cours de l’après-midi ont été citées dans le rapport de la LADE, en raison d’une " absence d’organisation ". A titre d’exemple, un électeur a informé le coordinateur de l’association à Aïn Aanoub, à Aley, qu’il a été empêché de voter sous prétexte il l’avait déjà fait, ce qui n’était pas le cas, selon le rapport. Une série de violations du secret du scrutin, qu’il s’agisse de cas d’escortes d’électeurs derrière l’isoloir, ou de prises de photo de bulletins de vote officiels. Parmi ces " violations flagrantes " du principe du secret du vote et de la circulaire émise par le ministère de l’Intérieur annonçant l’annulation du vote de toute personne qui prendrait en photo son bulletin de vote, on a pu recenser celle de Claudine Aoun Roukoz qui avait partagé une photo de son bulletin de vote sur sa page Facebook, avant de la retirer.

Il convient de mentionner qu’après la fermeture des bureaux de vote, parfois jusqu’à 20h, cinq observateurs de la LADE ont été empêchés d’assister au processus de décompte des voix à l’intérieur de certains bureaux au centre de la municipalité de Haret Hreik (registre 204), à l’école publique de Mazboud dans le Chouf (registre 345), à l’école publique d’al-Zrariyé (registre 375), et à Beyrouth. Enfin, dans l’un des bureaux de vote à Beyrouth, le décompte a eu lieu malgré une coupure du courant, nonobstant les promesses du ministère de l’Intérieur d’assurer l’alimentation électrique dans les bureaux de vote.