La COP28 entrait, vendredi 1ᵉʳ décembre, dans son deuxième jour à Dubaï, aux Emirats arabes unis. Après une introduction prometteuse, cette nouvelle journée fut marquée par l’intrusion du conflit entre Israël et le Hamas dans le débat.

Derrière les sourires de la photo de famille, sous le soleil de Dubaï, les désaccords sur le pétrole restent profonds: plus de 140 dirigeants mondiaux sont présents vendredi à la COP28 pour rompre la paralysie climatique, mais le tournant est loin d’être acquis.

Gaza s’invite dans le débat

L’ombre du conflit Israël-Hamas plane sur le rassemblement, éclipsant parfois les questions climatiques.

Le président israélien, Isaac Herzog, s’était déplacé à Dubaï pour plaider auprès de ses homologues la libération des otages encore détenus dans la bande de Gaza.

Il est toutefois reparti avant son tour de parole à la tribune, alors que les hostilités avaient repris vendredi avec le Hamas.

Le président iranien, Ebrahim Raïssi, a annulé sa venue parce qu’Israël avait été invité à y participer, selon un média officiel, et sa délégation a quitté la COP28 en guise de protestation.

Parmi les autres dirigeants ayant consacré une partie de leurs brèves interventions au conflit à Gaza, le roi Abdallah II de Jordanie a déclaré qu’il était inconcevable "de parler de changement climatique indépendamment des tragédies humanitaires autour de nous".

"Nous parlons ici d’inclusivité dans le climat, soyons inclusifs pour les plus vulnérables", a-t-il lancé, citant les Palestiniens de Gaza et les personnes affectées par les conflits dans le monde.

Cacophonie autour des énergies fossiles

Les uns après les autres, présidents et monarques ont pris acte du climat extrême qui sévit sur la Terre et de l’apathie collective face au réchauffement. La plupart se sont contentés de réitérer leurs engagements existants sur le climat, dont quasiment aucun n’est en ligne avec l’accord de Paris, sans que les opposants à une sortie des énergies fossiles n’annoncent une volte-face.

"La science est claire: la limite de 1,5°C est tenable uniquement si nous finissons par arrêter de brûler tous les combustibles fossiles", a lancé le secrétaire général de l’ONU, António Guterres.

Leur combustion croissante depuis le 19ᵉ siècle nous mène vers un réchauffement invivable de près de 3°C d’ici à 2100.

Tout au long de la conférence, prévue de prendre fin le 12 décembre, plus de 170 dirigeants sont attendus, selon Sultan Al Jaber, président de la COP28.

Un paragraphe explosif

En parallèle des discours des dirigeants, plus de 130 pays se sont engagés vendredi à prioriser l’alimentation et l’agriculture, responsables d’environ un tiers des émissions de gaz à effet de serre, mais habituellement absents des COPs, dans leurs plans nationaux de lutte contre le changement climatique.

C’est le premier des grands engagements volontaires d’États, hors processus onusien, que les Émirats veulent catalyser dès le début de la conférence, pour donner une impulsion positive aux véritables négociations.

La COP28 a du reste réussi jeudi son coup d’envoi, avec la concrétisation historique d’un fonds de compensation des pertes et des dommages climatiques dans les pays vulnérables, réclamé depuis des décennies.

Les premières promesses atteignent quelque 500 millions de dollars, après l’annonce vendredi d’une contribution de 100 millions d’euros de l’Italie.

Elles ne sont toutefois qu’une mise de départ, destinée à entamer les opérations du fonds début 2024, mais qui est encore loin des centaines de milliards nécessaires.

Derrière ce signal positif, indispensable pour apaiser les tensions entre le Nord et le Sud, tout reste à faire.

Un document de travail en vue de l’accord final, publié vendredi matin, propose aux pays de se prononcer sur une "réduction" ou une "sortie" des énergies fossiles. Sans doute le paragraphe qui sera le plus vivement débattu ces prochains jours.

Malo Pinatel, avec AFP