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Avec la reprise du conflit à Gaza, les pressions internationales et régionales exercées sur Israël et l’axe obstructionniste s’alourdissent en vue de mettre fin aux opérations militaires, libérer l’ensemble des prisonniers et otages et entamer des négociations pour mettre un terme au conflit arabo-israélien sur base de la solution à deux États.

De nombreux obstacles continuent toutefois d’entraver ces efforts. D’une part, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, et son Cabinet insistent pour poursuivre la guerre afin de sauver la réputation d’Israël sur le plan militaire, mais aussi pour éviter que Benjamin Netanyahou et certains membres du gouvernement ne soient traduits en justice, d’autant qu’ils paieront le prix de la frappe la plus lourde et la plus dure dans l’histoire d’Israël. En outre, Tel Aviv insiste pour anéantir la machine militaire du Hamas et du Hezbollah. Il s’agit pour l’État hébreu d’une condition pour garantir la sécurité des colonies israéliennes et des localités tout le long de la frontière libanaise avant que les habitants de ces régions n’y retournent. À cela s’ajoute l’application de la résolution 1701 pour empêcher toute présence armée au sud du Litani, c’est-à-dire dans la zone d’opération de la Finul, de l’armée et des forces légales. De plus, Israël refuse la solution à deux États. Pour lui, la solution consiste à avoir un seul État, Israël, au sein duquel cohabiteront juifs et Palestiniens et qui serait considéré comme un État juif, ce qui est susceptible d’assurer sa pérennité face à la croissance démographique palestinienne.

D’autre part, les Palestiniens insistent pour qu’un État palestinien indépendant soit édifié, avec Jérusalem pour capitale. Ils refusent d’être intégrés à l’État juif d’Israël et insistent pour que le Hamas joue un rôle dans les négociations. Les Palestiniens rejettent aussi les conditions posées par Israël pour un État palestinien démilitarisé. De leur côté, les factions obstructionnistes imputent à Israël la responsabilité des massacres et de la destruction à Gaza et en Cisjordanie. Elles cherchent, par le biais de la Cour internationale de justice, à contraindre l’État hébreu à payer des indemnités et à lui imposer des sanctions.

Dans ce contexte, la quatrième visite du secrétaire d’État américain, Antony Blinken, en Israël coïncide avec la participation du directeur de la CIA, William Burns, et du conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, à des réunions au Qatar avec leurs homologues israéliens, arabes et palestiniens pour exercer une pression en faveur d’un cessez-le-feu et obtenir la reconnaissance par Israël d’une solution à deux États.

Dans le même temps, des pressions arabes sont exercées sur les Palestiniens pour suivre les développements et anticiper les négociations en renouvelant l’Autorité palestinienne. Et ce, en y intégrant de nouvelles figures qui représenteront l’ensemble des organisations et factions palestiniennes au sein d’un nouveau gouvernement qui serait le seul représentant légal du peuple palestinien lors des négociations visant à résoudre le conflit.

Simultanément à ces efforts, des pressions continuent d’être exercées pour éviter que le champ de bataille ne s’élargisse. De plus, des efforts sont déployés pour mettre fin aux hostilités sur tous les fronts, rétablir des trêves humanitaires et empêcher l’ouverture du front sud, actuellement sous contrôle sur décision iranienne. Certaines factions de l’axe obstructionniste, en particulier le Hezbollah, cherchent à maintenir le front sud dans une situation de tension contrôlée, afin de le conserver comme un levier entre les mains de Téhéran, renforçant ainsi la position de l’Iran lors des négociations avec Washington.

Selon un diplomate occidental, la prochaine étape sera marquée par un bras de fer entre deux courants. Le premier est un courant extrémiste, tant du côté israélien que palestinien, qui prône la poursuite de la guerre pour permettre à Israël d’éliminer l’appareil militaire du Hamas et garantir la sécurité des colonies. Parallèlement, les Palestiniens cherchent à affaiblir la capacité de l’"invincible" armée israélienne, notamment après les pertes qu’elle a subies face au Hamas. Cela devrait aider et faciliter à faire assumer à Netanyahou et à son équipe politique la responsabilité d’avoir échoué à éliminer le Hamas et le Hezbollah.

Le second courant, arabo-international, s’efforce de mettre fin à la machine militaire et d’entamer des pourparlers pour une paix globale et une solution à deux États. Les négociations se poursuivent au Qatar dans ce sens. Certains progrès ont déjà été réalisés sans qu’ils ne soient pour autant annoncés, puisque les négociations se déroulent loin des feux de la rampe.

Dans ce contexte régional, l’émissaire français Jean-Yves Le Drian, a effectué sa quatrième visite au Liban, au nom du groupe des Cinq (France, États-Unis, Arabie saoudite, Égypte et Qatar). Il a, à cet égard, démenti toute divergence de positions entre ses membres, affirmant que leur vision est unifiée.

Sa visite a été placée sous un signe sécuritaire visant à empêcher une extension du champ de bataille, une implication du Liban dans cette guerre et un embrasement du front sud, qui constitue, selon les termes du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, un des quatre fronts de soutien – ouverts par les milices pro-iraniennes – aux côtés de ceux du Yémen, d’Irak et de Syrie, et ce, par crainte des ripostes israéliennes qui risquent d’être dévastatrices.

La visite de M. Le Drian visait également à souligner l’impératif d’une mise en œuvre intégrale de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, laquelle préconise l’établissement d’une zone démilitarisée. De plus, elle avait pour but de promouvoir un consensus en vue de retarder le départ à la retraite du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, en attendant l’élection d’un président. Cette démarche vise à assurer la stabilité de l’institution militaire, garante de la sécurité et de la stabilité, en la préservant des conflits politiques.

Cette institution a un rôle crucial dans la préservation de la sécurité, indispensable tant pour la France que pour les pays participant à la Finul, assurant ainsi la protection de leurs soldats. De plus, elle revêt une importance particulière pour l’Europe en empêchant l’afflux de migrants syriens et d’extrémistes, facteurs qui pourraient potentiellement déstabiliser le Vieux Continent.

Dans les milieux proches de Jean-Yves Le Drian, on affirme que toutes les parties conviennent unanimement de la nécessité de retarder le départ à la retraite du commandant en chef de l’armée, y compris le tandem chiite Amal-Hezbollah, d’après des sources politiques du 8 Mars. Tous, sauf le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil. Ainsi, la réunion de douze minutes entre Le Drian et Bassil a été tendue, puisque M. Bassil campait sur sa position. C’est à ce moment que M. Le Drian a décidé de mettre fin à la réunion.

Commentant les résultats de la visite de M. Le Drian, un diplomate occidental affirme que "tout est dans l’application", d’autant que les forces politiques libanaises s’étaient préalablement engagées auprès du président français Emmanuel Macron à respecter l’initiative lancée à l’ambassade de France au Liban après l’explosion au port de Beyrouth, mais elles ont rapidement failli à leurs engagements".

Washington exercera-t-il une pression, avec le groupe des Cinq, pour accélérer l’élection d’un président de la République et mettre ainsi fin à toutes les problématiques qui se posent au niveau des nominations et du maintien de la stabilité des institutions? Les États-Unis s’opposeront-ils à la "décision" du Hezbollah d’ajourner l’élection présidentielle jusqu’à ce que les contours d’un compromis quelconque soient définis, voire jusqu’après les élections américaines – laquelle décision vise à maintenir ce dossier en tant qu’atout entre les mains de l’Iran lors de ses négociations avec Washington, ce qui lui permet de consolider son rôle dans la région? Les semaines à venir apporteront certainement une réponse à toutes ces questions.

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