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De la petite guerre d’usure par le biais de ses proxys à l’affrontement direct… L’attaque massive, aux drones et aux missiles, lancée dans la nuit de samedi par les Pasdaran contre Israël à partir du territoire iranien a entraîné le Moyen-Orient, à l’évidence, dans une nouvelle phase dont il est difficile dans l’immédiat d’évaluer toutes les conséquences et la portée stratégique.     

Dans l’attente que le cours des événements se précise davantage, certains faits ayant marqué la vaste opération de samedi devraient être relevés, en raison de leur importante signification politique. La nature et le nombre de projectiles lancés (selon les sources israéliennes) sont particulièrement symptomatiques, et saisissants: 185 drones; 110 missiles balistiques; 36 missiles Cruise. Sauf que les défenses aériennes (américaine, britannique, française, jordanienne et, bien entendu, israélienne) avaient été mobilisées à l’avance, l’attaque ayant été pratiquement dévoilée bien avant qu’elle ne se produise. Ces défenses aériennes n’ont eu ainsi aucun mal à intercepter et détruire dans les airs les 185 drones avant qu’ils n’atteignent Israël. Une tâche qui fut d’autant plus aisée que ces drones étaient désespérément lents: il leur fallait plusieurs heures avant de parvenir à destination! Leur neutralisation était digne des jeux vidéo les plus traditionnels…

Quant aux missiles, seuls sept sur les 146 ont échappé au dispositif de défense et, de surcroît, plusieurs sources concordantes ont affirmé qu’ils n’étaient pas porteurs de grosses charges explosives! Ces faits expliquent le caractère dérisoire de l’impact sur le terrain, en comparaison avec les moyens mis en œuvre: une seule victime, une fillette d’origine arabe, et de très légers dégâts matériels causés à une base aérienne dans le Néguev, au sud d’Israël. À titre comparatif, le bombardement d’Israël par le régime de Saddam Hussein, en 1991, pendant la guerre du Golfe, au moyen de missiles Scud, avait fait deux tués, plus de 220 blessés, et provoqué des dégâts matériels à 1300 maisons, 6100 appartements, une vingtaine de bâtiments publics, 200 magasins et une cinquantaine de voitures. Un bilan particulièrement lourd qui s’explique, certes, par l’absence, à l’époque, d’un dispositif de défense performant, semblable à celui mis en œuvre dans la nuit de samedi.

Le fort contraste entre l’imposant arsenal rassemblé par les Pasdaran et les conséquences insignifiantes qui en ont découlé sur le terrain pourrait aussi s’expliquer par l’enjeu beaucoup plus géopolitique que militaire qu’aurait recherché le pouvoir des mollahs. Sous le prétexte de riposter au récent raid aérien contre le bâtiment relevant de son consulat à Damas, où un haut responsable des Pasdaran avait été tué, le régime iranien se serait fixé pour objectif d’engager un face-à-face direct, mais soigneusement dosé, avec Israël, non pas pour "libérer Jérusalem" (objectif fallacieux) mais pour consolider sa place dans la cour des grandes puissances régionales, sans pour autant risquer une confrontation généralisée de grande envergure avec Tel-Aviv.

Au stade actuel, l’Iran paraît avoir atteint cet objectif, dans le prolongement de l’offensive lancée par le Hamas le 7 octobre dernier. Sauf que manifestement, Israël n’a pas dit son dernier mot et sa riposte à "l’attaque du samedi soir" aura vraisemblablement pour but de juguler les ardeurs et les élans expansionnistes des Pasdaran, de manière à ne pas être confronté dans un avenir plus ou moins proche à un nouveau 7 octobre. Un tel danger pourrait pousser le cabinet Netanyahou à lancer une vaste offensive tous azimuts visant à laminer durablement les instruments arabes des Gardiens de la Révolution iranienne, plus spécifiquement le Hezbollah et ce qui reste du Hamas.

La contre-attaque israélienne pourrait ainsi se traduire symboliquement par des opérations bien dosées contre des objectifs ponctuels en Iran, et plus radicalement par des offensives ayant pour objectif de priver les Pasdaran de leurs têtes de pont aux frontières nord et sud d’Israël, parallèlement au Golan. Avec comme finalité de mettre un terme à la vaste entreprise iranienne de déstabilisation et de déconstruction qui gangrène depuis des années la plupart des pays du Moyen-Orient.    

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