Accord Israël-Hamas: quels enjeux?

Le Hamas s’est rétracté. Après avoir fait de la question d’un cessez-le-feu permanent une condition sine qua non pour la conclusion de tout accord avec Israël, le groupe islamiste s’est dit, dimanche, prêt à négocier la libération de tous les otages israéliens – environ 120 –, y compris les soldats, en l’absence d’une telle disposition. Même si la réponse «officielle» de Tel Aviv reste attendue, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, s’est empressé, dimanche soir, de rétorquer.
«Aucun accord ne devrait empêcher Israël de reprendre les combats jusqu’à ce que tous les objectifs de la guerre soient atteints», a-t-on lu dans un communiqué publié dimanche soir par le bureau de presse de Netanyahou. Revendiqués par Israël depuis le début de la guerre à Gaza, le 7 octobre dernier, ces objectifs consistent à éliminer le Hamas de la bande et obtenir la libération des otages israéliens. À cette «exigence», s’ajoutent deux autres, comme rapporté par le communiqué. «L’accord doit interdire le transfert d’armes au Hamas via la frontière entre Gaza et l’Égypte. Il ne devrait pas permettre, non plus, le retour des combattants dans le nord de la bande.» Netanyahou chercherait-il à compliquer davantage la donne face à une rétractation «inédite» du Hamas?
Outre la visite des émissaires israéliens au Qatar qui devrait avoir lieu dans les prochains jours pour «poursuivre les négociations», le Premier ministre israélien devrait s’adresser prochainement, soit le 24 juillet, au Congrès américain. «Misant plus que jamais sur le retour de l’ancien président des États-Unis, Donald Trump, à la Maison Blanche, Benjamin Netanyahou n’entend pas faire de cadeaux à l’administration sortante, du moins pas avant les prochaines élections américaines en novembre prochain», explique l’expert en relations internationales et cofondateur de Middle East Strategic, Fadi Assaf. «Il estime donc que le temps des grands arrangements n’est pas encore venu et qu’il se doit de saisir l’occasion qui se présente pour tenter un nouveau forcing sur le dossier des otages». Avec le soutien implicite des pays arabes et d’une grande partie des Israéliens (quand bien même l’on assiste à un grand mouvement populaire à Tel Aviv exigeant la libération des otages en priorité), Netanyahou espère que sa prochaine intervention à Washington «le conforte dans ses choix stratégiques – notamment ses objectifs de guerre – qu’il rappelle vouloir atteindre coûte que coûte, indépendamment d’un éventuel ‘deal’ aux portées tactiques», comme l’explique M. Assaf.

Un plan à trois étapes
Toujours en phase de discussion, le plan en question se déclinerait en trois principales étapes, comme présenté par le Hamas: l’entrée dans Gaza de 400 camions d’aide humanitaire par jour, le retrait de l’armée israélienne du couloir de Philadelphie et du point de passage de Rafah et, enfin, son retrait complet du territoire palestinien. «Il s’agit là d’un plan ambitieux et précaire face à un interlocuteur, Benjamin Netanyahou, toujours déterminé à poursuivre sa campagne militaire», souligne M. Assaf.
Toujours est-il que les pressions régionales et internationales s’intensifient pour parvenir à la conclusion d’un accord entre les parties prenantes. Fortement mobilisés, «le Qatar et l’Égypte mettent la pression sur le Hamas, chacun en fonction des leviers dont il dispose, pour que le groupe fasse preuve de flexibilité dans le contexte actuel», d’où la décision de se rétracter. Il n’en demeure pas moins que «le Hamas a d’autres calculs et qu’accepter de négocier sur les otages en l’absence d’un cessez-le-feu permanent ne serait pas ‘gratuit’», estime M. Assaf. Selon lui, ces calculs «relèvent notamment des rapports du Hamas avec ses alliés régionaux, en particulier le Hezbollah», dont le secrétaire général, Hassan Nasrallah, s’est entretenu vendredi avec une délégation du Hamas, présidée par Khalil el-Hayé, à ce sujet.
Natasha Metni Torbey
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