Les participants au grand rassemblement prévu dimanche vers 9 heures 30 au siège patriarcal maronite de Dimane, en signe de solidarité avec Bkerké dans l’affaire de l’évêque de Haïfa, Mgr Moussa el-Hage, ont commencé tôt le matin à se regrouper dans les lieus de rassemblements fixés à Beyrouth et dans certaines régions du Mont Liban. Le transport est assuré à bord de bus privés, le siège patriarcal d’été étant situé dans la région de Becharré, à deux heures de route de Beyrouth.

Plusieurs partis et formations souverainistes, notamment les Forces libanaises, les Kataëb, le Parti national libéral et le Front souverainiste pour le Liban, ont lancé samedi des appels en vue d’une "déferlante humaine" vers Dimane. Ce rassemblement a pour but de soutenir les positions nationales du patriarcat maronite et de dénoncer l’atteinte à la dignité de Mgr Hage qui a été interpellé et interrogé pendant 12 heures, lundi dernier, au poste de la Sûreté générale de Ras Naqoura alors qu’il venait de son diocèse de Haïfa et de la Terre Sainte. Il transportait, comme à l’accoutumée depuis plusieurs années, des médicaments, des aides humanitaires et des sommes d’argent envoyés par des Libanais (de toutes les confessions) établis en Israël à leurs familles au Liban. Le comportement de la S.G. a été perçu comme une tentative, télécommandée par le Hezbollah, d’exercer une pression sur le patriarche maronite afin qu’il modifie sa ligne de conduite favorable à la neutralité du Liban et à l’établissement d’un État de droit.

C’est ce thème qui a été mis en évidence par les activistes et les participants au rassemblement de Dimane qui se sont regroupés tôt dimanche matin à Beyrouth et dans d’autres régions et dont les témoignages ont été recueillis sur place par nos collègues Nada Kurdi et Sami Erchoff. A Beyrouth, deux lieux de rassemblement pour le transport vers Dimane avaient été prévus à Achrafieh et Aïn Remmané. Plusieurs dizaines de personnes ont pris place dans les bus dans une atmosphère calme mais déterminée, à l’ombre de mesures de sécurité prises par l’armée. La plupart d’entre elles ont plus de cinquante, mais on comptait aussi des jeunes visiblement enthousiastes.

Me Regina Kantara, membre du Barreau de Beyrouth, a rappelé, dans une interview express à Ici Beyrouth, qu’il y a près de deux ans, le patriarche maronite a prôné un statut de neutralité pour le Liban et le renforcement de l’État central par le biais, notamment, de l’application des résolutions du Conseil de Sécurité de l’Onu. "Depuis, a souligné Me Kantara, le Hezbollah a déclaré la guerre au patriarcat et à tous ceux qui appuient ses positions nationales, et l’affaire de Mgr Hage s’inscrit dans ce cadre. Nous allons donc à Dimane pour réaffirmer notre soutien à la ligne de conduite de Bkerké".

Même son de cloche de la part de Me Pierre Gemayel qui souligne de son côté que le Hezbollah cherche à " détruire la diversité du Liban que nous cherchons à préserver ".

Notons que des personnalités musulmanes, notamment le général Achraf Rifi, député de Tripoli, et sayyed Ali el-Amine (dignitaire chiite opposé au projet du Hezbollah) se sont rendus vendredi à Dimane pour exprimer sans détour leur appui aux positions souverainistes du patriarcat maronite. Il reste que le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, le député Mohammed Raad, a tenté de réduire l’affaire de Mgr Hage à une dimension sectaire en dénonçant la "solidarité communautaire" autour de Bkerké (!), allant même jusqu’à lancer – comme le Hezbollah le fait souvent – des accusations de traitrise et de collaboration avec Israël.