Nos responsables politiques se sont surpassés en matière de nonchalance. Avec eux, plus de place aux surprises. Lundi, en fin d’après-midi, les ministères de l’Environnement et de la Santé ont publié un communiqué conjoint préconisant les gestes à adopter en cas d’effondrement des silos du fait des incendies répétés au niveau de leur base.

Un texte d’une désinvolture ahurissante. Certes, la mise en garde est nécessaire. Toutefois, les deux ministères se sont contentés de présenter les risques potentiels ainsi que les recommandations à suivre, sans pour autant donner plus de précision sur la situation actuelle ou, surtout, annoncer les mesures que l’État pourrait prendre lui-même pour sécuriser le périmètre, plus particulièrement s’il envisage une éventuelle évacuation, en cas de besoin… Ce qui compte, après tout, n’est-il pas de se décharger la conscience ?

Couvrez-vous la bouche et le nez avec un masque à haute efficacité (KN95), restez à l’intérieur pendant 24 heures, le temps que la poussière dégagée par l’éventuel effondrement se tasse, puis nettoyez les surfaces avec de l’eau de Javel… C’est tout ce que les deux ministères ont trouvé à dire à la population habitant dans un rayon de 1.500 mètres à partir des silos (la zone qui serait affectée par l’effondrement, selon le communiqué). L’État invite ainsi la population à s’organiser elle-même pour faire face à une possible nouvelle catastrophe, qui viendrait s’ajouter à la liste interminable des épreuves endurées par les Libanais. Un bémol, toutefois : le ministère de la Santé a affirmé, certes, qu’il assurera les masques nécessaires aux habitants concernés, mais il n’indique pas quand et comment il compte le faire.

Aucune mention, en outre, portant sur une éventuelle campagne de désinfection pour éviter la propagation de champignons toxiques dont les spores (poussière contenant un ovule fécondé qui peut donner naissance à un champignon) peuvent voyager à des kilomètres à la ronde et causer des maladies respiratoires et épidermiques.

Contacté par Ici Beyrouth, le ministre sortant de la Santé, Firas Abiad, a expliqué que le plan est mis en place par les ministères concernés, à savoir "l’Environnement, les Travaux publics et l’Intérieur". "En tant que ministère de la Santé, notre souci est de prodiguer des conseils à la population pour qu’elle se protège des poussières qui pourraient se dégager", explique-t-il. Il se décharge ainsi de toute responsabilité, plaçant la balle dans le camp des trois autres ministères qui, eux, "établissent la stratégie" relative au risque d’effondrement. Le ministre sortant de l’Environnement, Nasser Yassin, était injoignable lundi soir.

À la question de savoir quelles mesures le ministère prendrait dans le cadre de cette stratégie pour protéger la population concernée des effets néfastes au cas où les silos s’effondreraient, le Dr Abiad souligne que "ce qui importe c’est de faire parvenir l’information à la population pour savoir à quoi s’en tenir et comment se comporter", question de "ne pas être pris de court". "Nous avons voulu être transparents avec la population", insiste-t-il.

Reste que la question qui se pose est de savoir pourquoi une telle mise en garde n’a-t-elle pas été faite lorsque la décision de destruction des silos a été prise en Conseil des ministres, et pourquoi une telle décision a été avalisée si un effondrement des silos entraîne autant de risques sur la santé des habitants…

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