Alors que les incendies se multiplient au pied des silos, du fait de la fermentation du blé et du maïs qui y sont entassés, les craintes d’un éventuel effondrement de cette structure se multiplient, le feu pouvant faire éclater le fer de l’intérieur. À tel point que, lundi, les ministères de l’Environnement et de la Santé ont publié un communiqué conjoint, détaillant la conduite à tenir au cas où les silos s’effondreraient.

L’incendie qui se poursuit depuis jeudi ne peut être éteint avec de l’eau, cette matière favorisant encore plus l’humidité et par conséquent le risque d’inflammabilité des grains, selon de nombreux experts. D’après eux, idéalement, il faudrait parvenir à éparpiller les grains, ce qui leur permettra de sécher. Le danger des incendies sera donc écarté. Une mesure difficile à prendre puisque, selon les autorités, l’incendie s’est déclaré dans une zone inaccessible qui présente un risque, d’autant que les silos menacent de s’effondrer.

Or d’après un rapport publié il y a quelques mois, avant les incendies, le cabinet de conseil en ingénierie Khatib & Alami a souligné que " la structure est suffisamment sûre pour s’y approcher et extraire les grains, à condition de prendre quelques précautions ".

Pas d’effondrement total

Yehya Temsah, ingénieur structurel qui effectue depuis l’explosion du 4 août 2020 des études sur les silos, explique à Ici Beyrouth " qu’il est possible que des morceaux de la structure se détachent, mais il est quasiment impossible que toute la structure s’effondre". Il souligne que les silos sont formés de deux bâtiments distincts, nord et sud, situés à 1,20 mètre de distance.

" Le bloc sud de la structure est stable à ce stade et peut être conservé, puisqu’il ne présente aucun danger d’écroulement, poursuit-il. Ce qui n’est pas le cas du bloc nord qui s’incline dangereusement tous les jours à cause de gros dommages dans les fondations. L’ensemble ne présentait pas de danger imminent avant le feu. Nous n’avions de cesse de dire qu’il fallait renforcer les fondations pour arrêter l’inclinaison. Il fallait consolider les fondations pour éviter un effondrement. "

Pour l’ingénieur, le bâtiment s’est certainement fragilisé avec l’incendie. Depuis que le feu s’est déclaré, M. Temsah n’arrête pas d’alerter sur les risques liés à l’incendie. " Il faut savoir que le feu détruit une structure neuve, insiste-t-il. Dans nos plans d’ingénierie, nous réalisons des calculs pour que la structure tienne au moins six heures après le début du feu pour évacuer les individus. Or le feu s’est déclaré depuis une quinzaine de jours dans les silos. Il est donc sûr que l’ensemble de la structure est sérieusement endommagé. "

Que faut-il faire ? " En tant qu’experts, il faut nous demander ce que nous possédons comme informations, répond-il. Nous avons des données qui datent d’avant l’incendie. Je pouvais en parler. Or maintenant, nous n’avons accès à aucune information. Pour estimer le danger, on doit évaluer les dégâts, mais il nous est interdit d’aller voir et de s’approcher des silos. "

Selon un autre expert qui a requis l’anonymat, le danger d’affaissement n’est pas imminent.