Nouveau siège de l’OIF à Beyrouth: un choix symbolique
Le mardi 26 juillet 2022, le Parlement a ratifié un accord pour l’ouverture à Beyrouth d’un siège pour représenter l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) au Moyen-Orient, le Liban étant le seul membre à part entière de l’OIF.

« Quelle belle nouvelle dans ce marasme ambiant où tout s’écroule et menace de s’écrouler ! Le choix du Liban pour l’ouverture du bureau régional de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) est tellement symbolique », s’exclame Karl Akiki, chef du département de lettres françaises à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth et lauréat 2021 du Prix Richelieu Senghor (OIF). Il poursuit en soulignant que cette nouvelle va «nous rappeler surtout à nous, Libanais, la richesse de notre identité francophone qui est notre plus grande marque de fabrique dans la région, maintenant que les secteurs bancaire, de la santé et de l’éducation ne nous distinguent plus, particulièrement».

«L’ouverture de ce nouveau bureau, aux côtés de celui de l’AUF-Moyen-Orient et de celui de l’Institut français du Liban, est là pour marquer l’importance de l’exception culturelle de la francophonie libanaise», a relevé M. Akiki. Véritable pôle de rayonnement de la francophonie au Moyen-Orient, le Liban a, depuis 1973 (et bien avant), défendu la Francophonie qui s’est développée dans ce pays riche en culture et en diversité linguistique.

Nadia Tuéni, Farjallah Haïk, Wajdi Mouawad, Georges Naccache, Charles Corm, Zeina Abi Rached, Charif Majdalani, Alexandre Najjar, Amine Maalouf, Salah Stétié, Georges Shehadé... Tous ces auteur(e)s ont aidé à forger l’histoire francophone du Liban. «C’est notre panachage trilingue qui fait notre panache, puissions-nous ne pas l’oublier, ajoute M. Akiki. J’ai été ravi d’œuvrer à l’ouverture de ce bureau aux côtés de plusieurs personnes précieuses qui partagent la même vision de la diversité linguistique du Liban. Elles et ils se reconnaîtront. À elles et ils, toute ma reconnaissance… »

Une importance locale, mais aussi régionale


Comme l’a souligné Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l’OIF, lors de sa dernière visite au pays du Cèdre en mars 2021. «Le Liban, unique pays membre de l’OIF au sein de la région du Moyen-Orient, joue un rôle important dans la revitalisation de la langue française dans la région», précise-t-elle.

«C’est un grand jour pour la Francophonie et pour le Liban, affirme Jarjoura Hardane, représentant du président de la République auprès de l’OIF. C’est une reconnaissance par l’OIF de l’intérêt manifesté par les pays du Moyen-Orient pour la langue française et les valeurs qu’elle véhicule», ajoute l’expert en linguistique.

Même après la décision d’ouverture d’une représentation régionale de l’OIF au Moyen-Orient, implantée à Beyrouth, des problèmes de local ont retardé l’accord sur l’ouverture du siège jusqu’en 2021, lorsque le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé a offert un local de 500m2 à la rue des banques. Ainsi, la signature de l’accord au palais présidentiel a eu lieu le 6 décembre 2021, accord ratifié par le Parlement le mardi 26 juillet 2022.

« Avec les changements profonds que connaît actuellement le monde, il est plus que nécessaire de retrouver le vivre-ensemble, la tolérance, la paix et le développement durable, des principes longuement défendus par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) », affirme Bouraoui Limam, ambassadeur de Tunisie au Liban et président du Groupe des ambassadeurs francophones (GAF) lors d’une entrevue à Ici Beyrouth. « De là vient l’importance de l’ouverture d’un bureau de l’OIF pour le Moyen-Orient à Beyrouth qui va aider à concrétiser les plans d’action de l’OIF », poursuit-il.

Le diplomate ajoute que le siège de Beyrouth va collaborer, avec celui de Tunis, à préparer le prochain sommet de la Francophonie qui aura lieu à Djerba, en Tunisie, les 19 et 20 novembre 2022. « Je tiens à féliciter les autorités et les acteurs libanais qui ont œuvré au bon déroulement de ce projet, surtout Jarjoura Hardane, représentant du président de la République au sein de l’OIF», conclut M. Limam.
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