Le président français, Emmanuel Macron, a adressé plusieurs messages à la classe dirigeante libanaise au cours d’une interview qu’il a accordée mercredi à notre confrère L’Orient-Le Jour, pour la deuxième commémoration de l’explosion de centaines de tonnes de nitrate d’ammonium au port de Beyrouth.

Dans son interview à notre confrère L’Orient-Le Jour, pour la deuxième commémoration de l’explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth, le président français, Emmanuel Macron, a assuré qu’il "ne laissera pas le Liban disparaître " et insisté pour que l’enquête sur les circonstances de ce drame se poursuive.

"Je ne me résignerai jamais. Je ne laisserai pas le Liban s’effondrer, encore moins disparaître", a martelé le président français, en rappelant toutes les initiatives humanitaires, diplomatiques et politiques qu’il a menées en faveur du pays du cèdre depuis le moment où il a appris que la ville de Beyrouth a été soufflée par l’explosion de centaines de tonnes de nitrate d’ammonium stockées n’importe comment au port.

Même s’il reconnaît l’échec de ses efforts politiques pour faire écho aux revendications populaires de l’époque et pousser vers un changement au niveau des méthodes de gouvernance, Emmanuel Macron revient à la charge pour inciter la classe dirigeante à placer les intérêts des Libanais et du pays en tête de ses priorités, et à mettre en œuvre les réformes structurelles dont elle s’était engagée à réaliser. Ses propos recelaient plusieurs messages en ce sens.

"C’est un fait, nous n’avons pas réussi à dépasser la force d’inertie du système libanais et de ses acteurs. Je ne veux pas revenir sur leur responsabilité, elle est connue", a-t-il lancé.

Il a critiqué sans le nommer le glissement du Liban vers l’axe iranien, ainsi que la gestion officielle de certains dossiers, et mis en garde contre tout aventurisme avec Israël. "Soyons clairs: il n’y a pas de stabilité pour le Liban sans insertion dans son environnement régional, dans lequel l’Arabie saoudite est évidemment une puissance de premier plan. Il n’y a pas non plus de prospérité et de croissance libanaises sans relations denses avec l’Arabie saoudite et les autres pays du Golfe: je vous rappelle qu’aujourd’hui encore, le Golfe absorbe la moitié des exportations libanaises. Vous connaissez, par ailleurs, le rôle essentiel joué par les expatriés libanais qui y vivent", a souligné M. Macron, avant de rappeler la gravité de l’impact sur le Liban de la crise diplomatique qui avait éclaté à l’automne 2021 entre Beyrouth et Riyad, à la suite des propos maladroits du ministre de l’Information de l’époque, Georges Kordahi, au sujet de la guerre du Yémen et du rôle saoudien.

Rappelant son intervention pour un assainissement des relations saoudo-libanaises, il a lancé: "J’ai fait ma part du travail auprès de l’Arabie; je l’ai encore fait lors de la visite à Paris du prince héritier, Mohammed ben Salmane, il y a quelques jours. Mais les dirigeants libanais doivent faire la leur et c’est, je le sais, la volonté profonde du Premier ministre (Nagib) Mikati qui cherche à faire de son mieux: l’Arabie saoudite, comme le reste de la communauté internationale, attend des réformes sérieuses des autorités de votre pays et un positionnement régional équilibré, pour restaurer la confiance perdue."

Concernant l’explosion du 4 août, le président français a plaidé en faveur d’un déblocage de l’enquête locale. Cette enquête est suspendue depuis plusieurs mois. La France a appelé à sa reprise et à ce qu’elle soit menée à son terme, en toute indépendance et à l’écart de toute interférence politique. "Je le redis aujourd’hui avec force: justice doit être rendue. Pour faire leur deuil et se reconstruire, les Libanaises, les Libanais et tous ceux qui vivent dans ce pays – je pense aussi aux Françaises et aux Français qui ont perdu la vie ce jour-là ou qui ont été blessés – ont besoin de connaître la vérité. Le Liban vit un moment de crise sans précédent. Il a également besoin de justice pour se redresser."