Le métropolite de Beyrouth, Mgr Elias Audi, a dénoncé jeudi le blocage de l’enquête sur la double explosion de Beyrouth. "Deux ans sont passés et les blessures n’ont toujours pas été pansées, parce que les responsables du crime sont toujours en liberté, alors que la population de Beyrouth (…) souffre toujours", a lancé Mgr Audi dans son homélie lors d’une messe célébrée jeudi matin au Centre médical universitaire – Hôpital Saint-Georges pour la deuxième commémoration de l’explosion au port de Beyrouth. Pour rappel, l’hôpital avait été fortement endommagé. Quatre infirmières de l’hôpital sont décédées, ainsi que des patients qui se trouvaient à l’hôpital.

"Comment les responsables de l’explosion au port de Beyrouth se présenteront-ils devant le Tout puissant? s’est demandé Mgr Audi. Que diront-ils? Que diront-ils à leurs enfants et petits-enfants lorsqu’ils leur demanderont qui a fait exploser le port et pourquoi? Plus encore, comment feront-ils face à leur conscience? "

"Deux ans sont passés, et la justice n’a toujours pas réussi à faire la vérité, non pas parce que la justice manque à ses devoirs, mais parce que l’emprise politique sur la magistrature entrave son action", a dénoncé Mgr Audi, affirmant que le Beyrouthins, les familles des victimes et les sinistrés ne veulent qu’une chose: connaître la vérité, sanctionner tous ceux qui ont planifié le crime ou y ont participé involontairement, ainsi que tous ceux qui ont fermé les yeux, alors qu’ils étaient conscients du danger que représentaient les matières entreposées au port.

"Connaître la vérité ne ramènera aucune victime à la vie, ne guérira pas les blessés, ni ne reconstruira les maisons détruites, mais cela mettra du baume au le cœur des proches victimes, parce que le criminel aura été identifié et la justice faite, a-t-il insisté. La sanction aura un effet dissuasif pour quiconque penserait commettre un acte destructeur à l’avenir."

Annonçant que les noms des victimes de l’hôpital ont été gravés sur le mur à l’entrée de l’établissement, Mgr Audi a critiqué l’État qui, "au lieu de conserver les silos, témoin du crime du siècle", œuvrent à les détruire pour "effacer de la mémoire la tragédie que Beyrouth et ses habitants ont vécue, mais aussi pour effacer les preuves ".