"Une approche collective du dossier des déplacés syriens est nécessaire pour éviter tout dérapage qui pourrait se répercuter négativement sur leur retour", souligne le ministre des Affaires sociales, qu’une dispute sur les prérogatives relatives à ce dossier a opposé mardi au ministre des Affaires des réfugiés.

Le Premier ministre désigné, Najib Mikati, a présidé jeudi, au Grand Sérail, une réunion de la commission ministérielle "chargée de suivre le retour des déplacés syriens dans leur pays dans la sécurité et la dignité", en présence des ministres sortants des Affaires étrangères, Abdallah Bouhabib, de la Justice, Henri Khoury, de la Défense, Maurice Selim, des Affaires sociales, Hector Hajjar, et de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui.

À l’issue de la réunion, le ministre Hajjar a déclaré: "Nous avons poursuivi la discussion autour des décisions prises lors de la réunion qui s’est tenue au Palais présidentiel, le 11 août, et avons convenu de les mettre en œuvre par le biais des ministères concernés".

"Une lecture approfondie du dossier des déplacés a eu lieu et les avis étaient concordants. Les participants ont confirmé que le ministère des Affaires sociales suit ce dossier en coordination avec le ministère des Affaires étrangères, et les choses sont sur la bonne voie", a-t-il ajouté.

En réponse à une question sur la polémique qui l’a opposé au ministre sortant des Affaires des réfugiés, Issam Charafeddine, au sujet du ministère en charge de suivre ce dossier, M. Hajjar a précisé que le dossier en question nécessite une "approche collective au niveau de la commission" car il est "délicat et global, non restreint à un seul ministère", et certains de ses aspects sont liés à des instances internationales et des pays donateurs.

Il a ajouté: "Pour ces raisons, la coordination est nécessaire, sous la supervision  du président de la République et du Premier ministre. Le plan présenté n’a pas obtenu l’approbation de la commission, mais nous appuyons toute démarche au Liban en faveur du retour des déplacés et espérons une action coordonnée émanant des autorités libanaises et résultant d’un accord entre les membres de la commission et la communauté internationale".

À la question de savoir si la communauté internationale est en faveur du retour des déplacés, M. Hajjar a répondu: "La communauté internationale a sa position et ses raisons. Quant à la position de l’État libanais, elle est connue et claire et a été annoncée à Bruxelles. Nous suivons ce dossier mais ne pouvons pas agir comme si nous étions les seuls concernés".

"La question est liée aux ministères libanais, à l’État syrien, à la communauté internationale et au Haut Commissariat pour les Réfugiés, et nous ne pouvons pas intervenir seuls. Les démarches doivent être intégrées et basées sur le dialogue, afin d’atteindre l’objectif et rester dans le cadre de la loi et du retour en toute sécurité", a-t-il souligné.

À la question de savoir si les organisations internationales refusent de faire avancer le dossier des déplacés au stade actuel, M. Hajjar a répondu: "Les organisations internationales peuvent prendre la position qu’elles veulent, mais le dialogue ne doit pas être interrompu".

Concernant la possibilité de régler le dossier des déplacés, il a déclaré: "Il y a certainement de l’espoir quant au règlement de ce dossier, et nous, en tant qu’État libanais et en tant que commission ministérielle, œuvrons à compléter les décisions prises lors de la réunion de Baabda, à laquelle le ministre des Affaires étrangères et le directeur général de la Sûreté générale ont participé".

"Nous avons présenté aujourd’hui aux participants toutes les décisions qui avaient été prises pour confirmer que notre travail est intégré et qu’il n’y a pas de démarches individuelles, afin d’éviter les dérapages qui pourraient se répercuter négativement sur l’enjeu principal, à savoir le retour des déplacés", a-t-il ajouté. Et de préciser: "Nous respectons les avis des institutions internationales et de la communauté internationale, mais en même temps nous avons notre avis, basé sur la loi libanaise, sans pour autant vouloir entrer dans un conflit interminable".

Interrogé sur le nombre précis des déplacés syriens, il a indiqué qu’il "dépasse un million et demi", ajoutant qu’ils entrent "par des points de passage légaux et illégaux".

Une réunion gouvernementale, qui s’est tenue mardi au Sérail, avait été marquée par une violente dispute entre le ministre Hajjar et le ministre sortant des Affaires des réfugiés, Issam Charafeddine, sur le point de savoir qui des deux est en charge du plan de retour des réfugiés syriens chez eux. M. Charafeddine s’était rendu lundi à Damas pour discuter du dossier des déplacés syriens avec les officiels de ce pays.