Les pressions exercées par le tandem Hezbollah-CPL sur le Conseil constitutionnel chargé d’examiner les recours en invalidation de certains résultats des dernières législatives visent à " obtenir par la force un nouveau mandat présidentiel de six ans qui continuerait de couvrir les armes illégales du Hezbollah ", souligne le Front souverainiste pour le Liban. 

Le Front souverainiste pour le Liban a dénoncé mercredi "les pressions exercées par l’équipe au pouvoir, à travers ses deux composantes, à savoir le Hezbollah et le Courant patriotique libre (CPL)" pour que le Conseil constitutionnel tranche en leur faveur des recours en invalidation présentés contre certains résultats des législatives, "de manière à garantir une majorité parlementaire" pour la prochaine présidentielle.

"Les pratiques tyranniques de l’équipe au pouvoir font croire que celle-ci est capable de tout, surtout après avoir pris conscience de son besoin d’ôter quatre sièges parlementaires à l’opposition au profit des groupes du pouvoir pour garantir la majorité absolue", souligne un communiqué dont a donné lecture le responsable de la communication au sein des Forces libanaises, Charles Jabbour, à l’issue d’une réunion du Front souverainiste au siège du Parti national libéral, à Sodeco.

"Maintenir la couverture des armes du Hezbollah"

" Les pressions exercées par le tandem Hezbollah-CPL pour se garantir une majorité parlementaire répondent à trois objectifs, indique le communiqué du Front souverainiste. Le premier objectif, le plus important, est d’obtenir par la force un nouveau mandat présidentiel de six ans qui continuerait de couvrir et de donner une légitimité aux armes illégales du Hezbollah ainsi qu’à son rôle, avec toute la nuisance que cela entrainerait pour Liban, ses relations, son histoire et son image (…) ".

" Le second objectif, poursuit le communiqué, est de tourner une fois pour toutes la page des législatives qui n’étaient pas en faveur du tandem au pouvoir, et le troisième but, propre au Hezbollah, est d’offrir une compensation à certains de ses alliés qu’il a manqué d’aider aux législatives pour avoir concentré ses efforts sur l’appui au CPL", relève le communiqué.

"Notre espoir est que le Conseil constitutionnel ne se laisse pas influencer par les méthodes d’intimidation et qu’il prouve que la justice au Liban peut fonctionner en dépit de l’absence de l’État et du règne des forces de facto (…)", a conclu Charles Jabbour.

Prenant la parole à son tour, le président du Mouvement du Changement Elie Mahfoud a donné lecture de l’article 19 de la Constitution relative à la création du Conseil constitutionnel, pour rappeler qu’il s’agit d’une "instance constitutionnelle indépendante ayant une qualité juridictionnelle". M. Mahfoud a également fait part de craintes liées à de nouvelles violations, orchestrées par le Hezbollah, de l’article 49 de la Constitution relatif au mécanisme d’élection du président.

Quinze recours en invalidation

Pour rappel, quinze recours en invalidation de certains résultats des législatives du 15 mai 2022 ont été déposés le 16 juin dernier auprès du Conseil constitutionnel. Ces recours ont été présentés par: les députés et candidats de la liste Amal-Hezbollah (Mohammad Raad, Hani Kobeissi, Nasser Jaber, Ali Hassan Khalil, Ali Fayad, Qassem Hachem, Asaad Hardane, Hassan Fadlallah, Ayoub Hmayed, Achraf Beydoun et Marwan Kheireddine) contre Firas Hamdane (Liban-sud III-druze); Paul Hanna Hamod contre Elias Fouad Khoury (Liban-Nord II-maronite); Mohammad Chafic Hammoud contre Bilal Hocheimi (Békaa II-sunnite); Joséphine Zogheib contre Farid Haykal el-Khazen (Mont-Liban I- maronite); Haydar Issa contre Ahmad Rustom (Liban-nord I-alaouite); Elie Charbachi contre Cynthia Zarazir (Beyrouth I-minorités); Fayçal Karamé contre Ihab Matar, Firas Salloum et Rami Saadallah Fanj (Liban-nord II-sunnite); Amal Abou Zeid contre Saïd Asmar (Liban-sud I-maronite); Zeina Mounzer contre Fayçal Sayegh et Waddah Sadek (Beyrouth II-druze); Ibrahim Azar contre Charbel Masaad et Saïd Asmar (Liban-sud I-maronite); Jad Emile Ghosn contre Razi Hajj et Hagop Pakradounian (Mont-Liban II-maronite); Haydar Nasser contre Ihab Matar, Firas Salloum et Rami Fanj (Liban-nord II-alaouite); Simon Sfeir contre Neemat Frem et Farid Haykal el-Khazen (Mont-Liban-I-maronite); Wassef Haraké contre Fadi Alamé (Mont-Liban III-chiite), et Tanios Mahfoud contre Jamil Abboud (Liban-nord II-grec-orthodoxe).