Ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué… Tel est l’adage que l’on arbore à l’approche de chaque échéance libanaise que l’on souhaiterait voir aboutir. Que de fois des efforts déployés au sujet d’un dossier délicat étaient sur le point d’être concluants avant, en définitive, d’échouer, le diable se cachant dans les détails et portant le coup de grâce à toute tentative de parvenir à une issue. C’est la même impression qui prédomine aujourd’hui concernant les dossiers de la formation du gouvernement et de la démarcation des frontières.

D’ailleurs, le dossier gouvernemental attendra le retour de New York du Premier ministre désigné, Najib Mikati. La prochaine entrevue avec le président de la République, le général Michel Aoun, fournira l’occasion d’échanger des idées sur la formation du gouvernement, et il n’est pas exclu que ce dossier soit clos, en définitive. Des sources bien informées rapportent au site " Houna Loubnan " que les informations divulguées concernant le remaniement ministériel sont de simples hypothèses qui ne seront clarifiées qu’après le retour du Premier ministre désigné, Najib Mikati.

Selon les sources précitées, la question du remplacement du ministre des Déplacés au sein du gouvernement est réglée, tandis que le remplacement du ministre de l’Économie Amin Salam n’est pas tranché, d’autant qu’une réconciliation aurait eu lieu entre lui et le Premier ministre désigné. Et ces sources de rappeler que si M. Mikati insiste à nommer un ministre de l’Économie originaire du Akkar, le président de la République nommera un ministre de son camp, surtout que le ministre Salam est considéré proche du président de la République, et la volonté de ne pas réduire la quote-part du président dans le prochain gouvernement est manifeste.

En outre, les informations portant sur le remplacement du ministre des Finances, Youssef Khalil, n’ont pas été confirmées ni démenties par les sources susmentionnées. À cet égard, on rapporte que le président du Parlement, Nabih Berry, a eu un entretien qualifié de " franc " avec le ministre sortant des Finances.

Par ailleurs, les informations faisant état d’un éventuel remplacement du vice-Premier ministre, Saadé Chami, se sont avérées sans fondement. Elles avaient été rapportées par certains médias sous prétexte que M. Chami est proche du Parti syrien national social (PSNS) et que ce parti n’a réussi à faire élire aucun député à la Chambre et, de ce fait, il ne devrait pas être représenté au gouvernement. Or les médias proches du président désigné affirment que M. Chami conservera son poste ministériel.

Dans ce contexte, la prochaine réunion entre les présidents Aoun et Mikati devrait aborder, à en croire certaines sources, la feuille de route qui serait exigée du gouvernement dans la prochaine étape, sachant que de nombreux problèmes d’ordre administratif sont en suspens et doivent être traités avant la fin du mandat du président de la République.

En ce qui concerne le dossier de la démarcation des frontières maritimes, il semble être dans sa phase finale. La proposition écrite que le médiateur américain, Amos Hochstein, présentera aux trois pôles du pouvoir est attendue sous peu. La volonté de clore le dossier avant la fin de ce mois et le début du mois prochain, soit avant les élections législatives en Israël et la fin du mandat du président libanais, est bien réelle. La présence de M. Hochstein au sein de la délégation américaine à New York indique que les États-Unis ont hâte de voir ce dossier progresser. Selon des sources informées, l’existence d’une garantie américaine et internationale accrédite la volonté de finaliser cette question.

Le dossier de la présidentielle reste quant à lui au stade des spéculations. Rien n’indique pour l’heure que les parties prenantes passeront à la vitesse supérieure. Néanmoins, après l’initiative des députés du changement, la réunion de Dar Al-Fatwa, samedi, est intervenue afin d’unifier la position nationale sunnite concernant l’élection présidentielle. Il n’en demeure pas moins que Dar al-Fatwa s’abstiendra de s’exprimer au niveau du choix du président, d’autant que les positions récentes du mufti de la République libanaise, Abdellatif Deriane, sont claires à cet égard.

C’est donc l’attente qui prévaut aujourd’hui sur la scène libanaise, face à l’accumulation des échéances et des dossiers. Seul le temps décantera la situation, compte tenu des données actuelles.