Créée le lendemain de l’explosion du port de Beyrouth, l’association " les valises pour Beyrouth " a pour objectif d’aider les deux tiers de la population libanaise qui vit, depuis presque trois ans, en dessous du seuil de pauvreté.

À droite, des cartons remplis de produits hygiéniques. À gauche, d’autres, pleins de matériel médical, de médicaments… Il y a aussi des valises fermées, des béquilles et même des chaises roulantes. Certains cartons sont à ras bord. D’autres débordent.

Ce sont, en tout, des centaines de cartons qui s’entassent dans un entrepôt de plus de deux-cents mètres carrés situé au cœur du quartier du Trocadéro (dans le XVIᵉ arrondissement de Paris). Ils ont tous une destination finale : le Liban, qui fait face depuis presque trois ans à une grave crise économique, mais aussi sociale et politique.

En lien avec le Liban

Depuis plusieurs mois, cet entrepôt est à la fois le lieu de stockage et le siège de l’association " Les Valises pour Beyrouth ". Créée le 5 août 2020 – au lendemain de l’explosion du port qui a ravagé la capitale libanaise –, son but est d’aider les populations dans le besoin au Liban. " L’association ne travaille pas directement avec la population libanaise, on n’est pas sur le terrain. On travaille avec d’autres associations sur place. En d’autres termes, on aide les associations à avoir ce dont elles ont besoin pour aider les populations dans le besoin ", explique Aya Mcheimeche, une franco-libanaise de 28 ans, co-fondatrice, avec Youmna Geday, de " Les valises pour Beyrouth ".

Elle insiste sur le fait que les associations avec qui elle travaille sont minutieusement choisies. " Elles doivent correspondre à nos valeurs : indépendance, apolitique, pas d’attaches religieuses… ", précise-t-elle. Actuellement, " Les valises pour Beyrouth " travaille avec seize organismes : treize associations et trois hôpitaux.

Les valises, puis les cartons

Au commencement, l’association faisait transiter des valises de dons via des voyageurs qui se rendaient dans la capitale libanaise en avion – d’où le nom de l’association. Plus de 700 valises ont déjà été envoyées. Mais aujourd’hui, les valises laissent progressivement place aux cartons. Ils partent dans des containers en bateau.

" On a commencé par les valises parce que c’était la manière la plus simple et la plus rapide. Mais elle n’est plus viable aujourd’hui. Ceux qui se rendent au Liban partent déjà surchargés, avec tout ce qu’il y a comme pénurie. Un voyageur ramène des affaires pour sa famille, ses amis, ses voisins ", précise Aya Mcheimeche. Soulignant que " Les bagages supplémentaires coûtent cher, 75 euros à peu près ", Mme Mcheimeche précise qu’au départ, l’association avait conclu des accords avec les compagnies aériennes, mais aujourd’hui, ils sont caducs.

Le principe est simple : les cartons destinés à être mis dans un container sont transportés par camion jusqu’au Havre, et du Havre en bateau vers Beyrouth. Plusieurs containers sont déjà arrivés à destination. D’autres sont en chemin. Les 8ᵉ et 9ᵉ containers sont partis récemment. Une fois arrivés à destination, ces containers sont déchargés au port de Beyrouth et récupérés par une association partenaire sur place. Cette dernière les stocke ensuite dans son local, et les associations bénéficiaires viennent récupérer ce qui leur est dû.

Précision importante : les valises n’ont pas complètement disparu. "On maintient cette option comme possibilité pour les voyageurs. C’est une participation active humanitaire. Et les gens aiment beaucoup l’idée", ajoute Aya Mcheimeche.

Quels produits transportés ?

Concernant les produits qui sont pris en charge, les médicaments ne sont pas acceptés de la part de particuliers, en raison notamment de la chaine de conservation. Les médicaments qui sont envoyés sont achetés par l’association à Paris. Tout se fait en lien avec les établissements de santé.

L’association ne prend plus également de vêtements. Les donateurs peuvent toutefois fournir des dons matériels (lait en poudre, biberons, couches, fournitures scolaires, jouets, et produits d’hygiène…).

Concernant l’alimentaire, " on le fait uniquement si on a une grosse donation déjà palettisée d’un supermarché ". " Il faut pouvoir en faire des cartons, et les aliments doivent pouvoir être conservés le temps du stockage, du trajet et de la consommation là-bas ", indique Aya Mcheimeche.

Des entreprises peuvent aussi faire des dons matériels, comme par exemple les cartons qui servent à envoyer les produits à Beyrouth.

Organisations d’événements

Pour contacter l’association, les particuliers peuvent consulter des formulaires en ligne adressés aux voyageurs, aux bénévoles, ou aux donateurs… Actuellement, l’association " Les Valises pour Beyrouth " compte deux gérantes, avec une base de données de 450 bénévoles de tous horizons. Personne n’est salarié. " Un jour, il peut y avoir zéro bénévole, comme le lendemain il peut y en avoir trente-six ", indique Aya Mcheimeche.

" Les valises pour Beyrouth " organise aussi des événements qui sont rapportés, entre autres, sur son compte Instagram et Facebook. Un concert a notamment été donné à l’église Saint-Sulpice, avec des choristes et des chanteurs libanais. Ces événements sont organisés à titre bénévole et fournissent l’occasion d’obtenir des donations. Le 8 septembre, l’association a ainsi organisé son premier gala, avec un concert de Bachar Mar-Khalifé.

https://mondafrique.com/les-valises-pour-beyrouth-la-solidarite-libanaise-a-loeuvre/