Ragy el-Saad, député de la Rencontre démocratique (bloc joumblattiste), a estimé vendredi que Michel Moawad, député de Zghorta et candidat à la présidence de la République, représente un projet politique "souverain et réformiste" et qu’il a des chances d’être élu à la tête du pays. "Michel Moawad n’est pas un candidat de confrontation", a-t-il ajouté dans une interview accordée à la chaîne LBCI, affirmant que la Rencontre démocratique appuie sa candidature.

M. Saad a expliqué que la première séance parlementaire consacrée à l’élection d’un chef de l’État a montré qu’une partie aborde cette échéance avec "sérieux", alors que l’autre "œuvre pour la vacance présidentielle et le report des séances". Il a, à cet égard, souligné que certains des députés qui ont déposé un bulletin blanc attendent l’aboutissement à un compromis. Or, a-t-il fait remarquer, "nous ne pouvons pas attendre". "Nous ne pouvons pas non plus nous plier à l’inévitable, a insisté M. Saad. Nous avons convaincu le peuple libanais qu’à chaque fois, l’élection d’un président de la République ne se fera pas dans les délais constitutionnels".

Notant que Michel Moawad a obtenu les voix de la majorité des députés de l’opposition, M. Saad a souligné la nécessité de "libaniser" cette échéance, "au lieu d’attendre les développements sur la scène extérieure".

Soulignant que la situation dans le pays ne supporte pas un président "de confrontation" ou une "réédition de l’expérience du président Michel Aoun", M. Saad a noté qu’un président "qui n’a pas de couleur politique déterminée ne peut pas entamer les réformes ni négocier des dossiers principaux, comme ceux relatifs aux les armes du Hezbollah ou à l’argent des déposants". "Le nouveau président doit avoir des décisions claires concernant les différents dossiers et doit faire primer l’intérêt du Liban", a-t-il martelé. Il a estimé que l’opposition doit s’entendre sur le nom du candidat qui bénéficie d’un grand appui, à savoir Michel Moawad. "Nous n’avons pas le luxe du temps", a-t-il constaté.

De la nécessité des réformes

Interrogé sur le dossier de la délimitation des frontières maritimes, M. Saad a expliqué qu’il n’a pas, en tant que député, des "détails précis sur ce dossier", alors que "nous avons le droit d’en prendre connaissance" à l’instar de "certains députés affiliés aux blocs des trois pôles du pouvoir qui ont pu le faire".

"Il ne faut pas réitérer l’expérience de l’accord du Caire (qui a permis aux Palestiniens du Liban de garder leurs armes, NDLR)", a martelé M. Saad, affirmant que "le Parlement a le droit de prendre connaissance de ce dossier d’autant qu’il pourrait mener à une guerre".

Commentant les discours selon lesquels la délimitation des frontières maritimes est une issue de "de sauvetage" pour le Liban, M. Saad a fait remarquer que "sans les réformes, nous ne pouvons pas bénéficier de ces ressources". Il a à cet égard fait savoir que jusqu’à présent aucun plan sérieux de redressement économique n’a été développé. Pour lui, l’effondrement économique a fait suite au défaut de paiement décidé par le gouvernement de Hassane Diab. "La stratégie du gouvernement actuel est similaire à celle du gouvernement Diab, avec quelques modifications, a constaté M. Saad. Tous les experts estiment que cette stratégie entraînera un effondrement total du Liban pour des dizaines d’années à venir."