Dans le prolongement du bras de fer qui oppose le camp aouniste au Premier ministre Nagib Mikati, et compte tenu des enjeux pour les deux camps, le ministre de l’Énergie, Walid Fayad, accuse le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, d’entraver sa visite en Algérie, si l’on en croit un proche du ministre. En effet, le ministre de l’Énergie, qui souhaite se rendre à Alger afin de sceller un accord avec les Algériens en vue d’acheter du fuel pour alimenter les centrales de production d’électricité au Liban, accuse le Premier ministre de vouloir s’attribuer le mérite de tout accord avec l’Algérie et celui de l’amélioration des heures d’approvisionnement en électricité. C’est ce qu’il tentera, du moins, de faire lors du sommet arabe prévu en Algérie début novembre.

Dans ce contexte, on rapporte que le Premier ministre a tenté de faire entendre au ministre Fayad qu’il désapprouvait sa visite en Algérie (prévue le 18 de ce mois), en lui adressant un courrier le 14 du mois dans lequel il lui demande de se référer au ministère des Affaires étrangères afin de discuter des objectifs de cette visite, et des moyens de la soutenir. Cependant, le ministre de l’Énergie a fait fi de cette requête et les préparatifs de la visite ont été bon train. Mais c’était sans compter que le report de ladite visite allait être initié par le ministre algérien de l’Énergie, suite à la demande formulée par M. Mikati via le ministère libanais des Affaires étrangères.

Le ministre de l’Énergie ne s’est pas pour autant démonté, s’appuyant sur la lettre reçue de son homologue algérien, dans laquelle ce dernier invitait M. Fayad à préparer sa visite de novembre. Toutefois, Walid Fayad n’a toujours pas décidé s’il effectuera la visite de son côté, ou s’il accompagnera M. Mikati lors de son déplacement à ce sommet…

Quoi qu’il en soit, le ministre Fayad a souligné que sa visite prévue en Algérie n’est pas née ex-nihilo. À ce titre, le ministre, qui aurait été en contact continu avec les responsables algériens concernés, est parvenu à s’entendre avec la partie algérienne sur une série de propositions avancées pour l’achat de fuel. À titre d’exemple, le Liban obtiendrait une période de grâce concernant les paiements dus, en attendant qu’EDL soit solvable à nouveau grâce à la nouvelle tarification devant être appliquée, une fois les heures d’alimentation en électricité ayant atteint plus de huit heures par jour.

Néanmoins, ce scénario continue de se heurter à un obstacle majeur, à savoir le procès intenté par EDL au Liban contre la société algérienne Sonatrach dans le cadre de l’affaire des carburants frelatés. L’Algérie exige le retrait de la plainte, ce qui met dans l’embarras le président d’EDL, Kamal Hayek, qui se trouve confronté à un dilemme. En effet, se rétracter dans cette affaire reviendrait à se retirer d’un dossier autour duquel pèsent des soupçons de corruption, qui ont valu à la directrice générale du Pétrole, Aurore Feghali, plusieurs jours de détention préventive à des fins d’enquête, début mai 2022, avant d’être finalement libérée sous caution. Partant, Kamal Hayek endossera-t-il la responsabilité de cette décision en échange d’une amélioration des heures d’alimentation en électricité ? Ou bien refusera-t-il de transiger, préférant renvoyer l’affaire aux autorités politiques concernées, pour qu’elles se chargent elles-mêmes de trancher?

La première quinzaine du mois prochain devra apporter les réponses à ces questions. Ceci dit, les Algériens ne sembleraient pas prêts aux demi-mesures dans ce dossier.