Le CPL a mis le paquet pour que le départ de Michel Aoun de Baabda, au terme de son mandat qui prend fin officiellement lundi, ne passe pas inaperçu et sans bruit. Une façon de compenser, le temps d’une journée, l’échec cuisant de six années passées à la tête de l’État. D’où le choix de la journée de dimanche pour la mobilisation aouniste, voulue comme un hommage au fondateur du CPL. Depuis samedi soir, c’est une marée humaine orange qui a squatté toutes les rues menant à Baabda.

Fin de partie donc pour le président Michel Aoun. Le chef de l’État quittera le palais de Baabda à 11h30, alors que le peuple libanais est divisé entre ceux qui le soutiennent et ceux qui ont hâte que le rideau tombe sur un des mandats présidentiels les plus pénibles que le Liban ait connu. Des manifestations de joie sont d’ailleurs prévues dans certaines régions libanaises.

Les partisans du Courant patriotique libre avaient installé, depuis jeudi, des tentes dans les environs du palais, où ils y ont passé la nuit samedi. Dans plusieurs régions où le CPL est présent, des banderoles avec l’inscription " Avec toi, nous poursuivrons le chemin ", ont été hissées. Le parti fondé par le chef de l’Etat a tenté d’en accrocher à Tripoli, mais elles ont été vite enlevées par une population farouchement hostile au camp présidentiel.

La journée du dimanche se déroulera, au Palais de Baabda, suivant le protocole d’usage: A 11h, le président Aoun quittera son bureau, fera ses adieux aux hauts fonctionnaires, avant de se diriger vers la tribune à partir de laquelle il prononcera un discours de circonstance dans lequel il pourrait poursuivre ses attaques contre ses détracteurs.

C’est au terme de son discours qu’il quittera le palais de Baabda, mais à bord de la voiture présidentielle, pour se rendre à Rabieh, où se trouve sa résidence, escorté de ses partisans. Car, en cette journée de dimanche, il n’y a que les aounistes pour rendre hommage à Michel Aoun. Le reste des Libanais, toutes appartenances communautaires, régionales et partisanes confondues n’aspirent qu’à en finir avec ce mandat, même si pour le fondateur du CPL et le chef de ce parti, Gebran Bassil, " la bataille ne fait que commencer ".

Pas plus tard que dimanche matin, le député Assaad Dergham a déclaré, dans le cadre d’une interview accordée à la chaîne télévisée LBCI, que " le CPL envisage une série de démarches au cas où un nouveau gouvernement ne serait pas formé dans les règles ". Il n’a pas précisé lesquelles.

Depuis quelques jours, les tensions sont montées d’un cran entre le président de la République, le premier ministre désigné, Nagib Mikati, et le président de la Chambre, Nabih Berry. En cherchant à se dédouaner et à se laver les mains de l’enlisement du pays dans une crise sans précédent, Michel Aoun s’est employé à tirer à boulets rouges contre les deux, les accusant de l’avoir empêché d’édifier un Etat de droit. En oubliant cependant un détail, à savoir qu’il n’est pas possible d’édifier un État de droit, en cautionnant une milice influente et en justifiant la présence d’armes illégales.

Dans ses interviews des derniers jours, M. Aoun a accusé Najib Mikati de " vouloir exercer une tutelle " sur l’État libanais et de " refuser au Courant patriotique libre et au bloc parlementaire Liban fort ce qu’il concède à d’autres parties ". Il a reproché à Nabih Berry d’avoir bloqué les réformes. Si le Sérail a répondu en affirmant ne pas vouloir s’engager dans une polémique, Aîn el-Tiné a réagi par la bouche du député Ali Hassan Khalil, pour qui le sexennat de Michel Aoun a " sapé les fondements de la vie politique libanaise et mené le pays à l’effondrement ".