Human Rights Watch (HRW) a mis en garde contre "les niveaux alarmants de pauvreté et d’insécurité alimentaire au Liban, en raison du déclin de l’activité économique, de l’instabilité politique et de la hausse du coût de la vie". Dans un rapport publié lundi, l’organisation internationale a exhorté le gouvernement libanais et la Banque mondiale à "prendre des mesures urgentes pour investir dans un système de protection sociale fondé sur les droits humains et garantissant un niveau de vie décent pour tous".

Le rapport est basé sur une étude menée par HRW auprès de 1.209 ménages, sur la période allant de novembre 2021 à janvier 2022. Il en ressort que ce sont surtout les familles à faible revenu qui sont les premières victimes de la crise économique qui s’est installée dans la durée, et ce, à cause du laxisme officiel. De fait, d’après le rapport, près de 70% des ménages ont confié avoir du mal à payer leurs dus à temps. Selon le document, 40% des foyers ne gagnent pas plus de 122 dollars par mois et près de 90% moins de 377 dollars par mois.

Selon le rapport, "les démarches prises par les autorités ne suffisent pas à garantir le droit de tout un chacun à un niveau de vie décent ni à une alimentation saine". D’où "l’importance du système de protection sociale préconisé dans le but d’atténuer les chocs économiques et d’apporter un soutien aux Libanais, en réduisant les inégalités sociales", lit-on dans le document. D’après le rapport, moins de 5% des ménages au Liban ont bénéficié d’une aide en provenance du gouvernement, et près de 94% des ménages à faibles revenus peinent à s’assurer les produits de première nécessité contre 26% de ceux aux revenus élevés.

Lena Simet, chercheuse senior sur les questions de pauvreté et d’inégalité, souligne que "des millions de personnes au Liban ont été plongées dans une situation de pauvreté extrême, réduisant leurs dépenses sur la nourriture". "Après trois ans de crise économique, le gouvernement n’a toujours pas pris les mesures nécessaires pour y remédier, surtout que le système de subvention actuel vise une partie réduite de la population, laissant la majorité de celle dont les revenus sont faibles, sans protection aucune", a expliqué Mme Simet.

La hausse du chômage, la dépréciation de la monnaie locale, la montée en flèche de l’inflation et la suppression des subventions pour les médicaments et le carburant ont rendu encore plus difficile la situation pour ces personnes. L’enquête a également révélé que dans près de quatre ménages sur cinq, un membre de la famille a perdu son emploi depuis le début de la crise en 2019, le pourcentage de chômage étant actuellement de 15%. Malgré une inflation élevée et en hausse depuis 2019, le salaire minimum au Liban n’a toujours pas été réajusté depuis 2017. Il s’élève actuellement à 675.000 livres libanaises par mois (16,24 dollars américains au taux du marché parallèle en date du 5 décembre 2022). "En 2021, le rapporteur spécial des Nations unies sur l’extrême pauvreté a constaté que le salaire minimum était insuffisant pour que les foyers puissent s’assurer des produits de base tels que la nourriture et le carburant".