Au Liban, la situation des réfugiés syriens ne fait qu’empirer, au point de devenir alarmante, selon un rapport conjoint du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), du Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) et de l’Unicef.

Les trois organisations ont effectué une évaluation du degré de vulnérabilité des réfugiés syriens, alors que la crise socio-économique qui frappe le Liban depuis trois ans ne fait que s’aggraver et que le taux de pauvreté dans le pays ne fait que s’accroître. Elles ont lancé un appel urgent à un soutien et une protection aux familles qui vivent dans la précarité, syriennes mais également libanaises.

Bien qu’elle ait également porté sur la situation de familles libanaises vulnérables, l’évaluation menée par le HCR, le PAM et l’Unicef s’est principalement concentrée sur les réfugiés syriens.

Les conclusions préliminaires de l’évaluation effectuée, montrent ainsi, selon le communiqué conjoint rendu public, " une forte baisse des conditions de vie " de ces derniers et mettent en évidence le fait que " même les nécessités les plus élémentaires sont devenues hors de portée pour la plupart des familles de réfugiés dont 90% ont besoin d’une aide humanitaire pour survivre ".

L’une des conclusions " les plus préoccupantes " de l’évaluation reste, selon le communiqué, " l’insécurité alimentaire des ménages de réfugiés syriens au Liban ".

" Les niveaux de sécurité alimentaire pour les réfugiés au Liban sont extrêmement préoccupants ", a commenté à ce sujet Abdallah al-Wardat, représentant du PAM au Liban. Selon ces explications, " le PAM soutient une personne sur trois dans le pays, grâce au soutien des donateurs ". " Nous fournissons une aide en espèces, des colis alimentaires et des collations scolaires, et soutenons des activités de subsistance dans tout le Liban, " a-t-il précisé.

L’évaluation effectuée a également montré que les réfugiés syriens se sont mis à réduire leurs repas : les adultes mangent moins pour pouvoir accroître les portions des enfants et ont dans le même temps diminué leurs dépenses de santé et d’éducation pour privilégier l’achat de nourriture. La plupart des familles de réfugiés ont en outre accumulé des dettes élevées, la majorité empruntant de l’argent pour acheter de la nourriture. Près de 87 % des familles ont indiqué que l’alimentation était leur principale priorité, suivie du logement et des soins de santé.

Selon l’étude, moins de la moitié des nourrissons de moins de cinq mois sont exclusivement allaités et seulement 11 % respectent le nombre minimum de repas et de groupes d’aliments par jour. Six garçons et filles réfugiés syriens sur 10 ont par ailleurs subi des traitements disciplinaires violents. " Les enfants et les adolescents sont les plus touchés par l’exacerbation de la crise, en particulier parmi les groupes vulnérables. Les enfants grandissent sans nourriture suffisante, sans accès adéquat aux soins de santé et à l’éducation ", a déclaré le représentant de l’UNICEF au Liban, Edouard Beigbeder. " Une action concertée est nécessaire pour les protéger et s’assurer qu’ils peuvent atteindre leur plein potentiel ".

La situation de nombreuses familles libanaises n’est pas meilleure, mais n’a pas bénéficié d’une évaluation exhaustive. " Bien que le prix des biens et des services essentiels ait grimpé en flèche de plus de 700 % depuis juin 2020, les familles libanaises gagnent toujours moins tout en devant payer beaucoup plus pour les biens les plus élémentaires ", a commenté à son tour Ayaki Ito, représentant du HCR au Liban, en exposant les domaines dans lesquels cette organisation intervient. Celle-ci, a-t-il indiqué, " apporte un soutien aux institutions publiques libanaises, y compris les hôpitaux et les municipalités, mais cela est loin d’être suffisant ". " Plus d’aide pour les réfugiés vulnérables et les familles libanaises est nécessaire de toute urgence, y compris un soutien aux institutions libanaises pour fournir des services de base durables ", a-t-il insisté.