Le chef du Courant patriotique libre, le député Gebran Bassil, se livre depuis quelques jours à toute sorte de gesticulation médiatique pour tenter de sortir de son isolement et de focaliser sur sa propre personne les feux de l’actualité afin de donner l’impression qu’il reste un acteur incontournable sur l’échiquier politique libanais, du moins en ce qui concerne l’élection présidentielle. Pour ce faire, oubliant que depuis de longs mois il n’a cessé de s’en prendre à toutes les personnalités et parties locales (à l’exception bien entendu du Hezbollah), M. Bassil s’est empressé de rencontrer il y a quelques jours nombre de ses opposants politiques qu’il n’a jamais cessé pourtant de diaboliser et de traiter de tous les noms, à commencer par Walid Joumblatt, Sleiman Frangié et Najib Mikati.

De sources proches de M. Bassil, on affirme que ce dernier cherche (par ses gesticulations) à faire comprendre au Hezbollah qu’il est impossible de le marginaliser politiquement, ou encore de l’isoler au niveau du dossier de la présidentielle et de la gestion des affaires publiques. Cependant, ces rencontres n’ont pas eu l’effet escompté et n’ont abouti à aucun résultat tangible au niveau de la présidentielle, sachant que M. Bassil se satisfait de la nécessité de relancer un dialogue sur base de la proposition du CPL relative aux modalités de choix du futur président, sans proposer un nom pour autant. Ces réunions ont également échoué à redorer le blason de M. Bassil auprès de l’opinion publique druze et sunnite, ainsi qu’auprès des partisans des Marada.

Dans ce contexte, certains vont jusqu’à se demander pourquoi les adversaires politiques de Gebran Bassil acceptent-ils encore de le recevoir ?

Il semble que certains d’entre eux, dont l’ancien député Walid Joumblatt, ont instrumentalisé leur rencontre avec Gebran Bassil afin d’adresser des messages à la scène interne et à l’étranger. En effet, le chef du Parti socialiste progressiste a profité de cette rencontre pour transmettre trois messages: le premier à l’adresse de Nabih Berri, le deuxième au Hezbollah, et le troisième à l’Arabie saoudite. Toutefois, il ne faudrait pas se bercer d’illusions: Walid Joumblatt ne soutiendra certainement pas Gebran Bassil dans sa campagne pour accéder à la présidence de la République. Il n’a d’ailleurs pas cherché à cacher que c’était bien le chef du CPL qui insistait à le rencontrer.

Sleiman Frangié a, quant à lui, rencontré M. Bassil afin de mieux comprendre sa position concernant l’élection présidentielle. Là encore, il est évident que cette entrevue n’a pas modifié la position du chef des Marada d’un iota, celui-ci restant attaché à son droit de se présenter à l’élection présidentielle comme candidat de l’axe du Hezbollah. M. Frangié ne s’est pas gêné non plus de montrer que c’était le chef du Courant patriotique libre qui cherchait à le rencontrer.

Certes, le député Bassil souhaiterait bien couronner ses rencontres par une réunion avec le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Sauf que, pour l’heure, aucune information ne laisse prévoir un tel entretien. D’aucuns s’interrogent d’ailleurs sur l’utilité d’une telle réunion, d’autant que M. Bassil n’a rien de nouveau à apporter dans ce dossier et n’a aucune proposition à avancer qui répondrait à l’approche du Hezbollah en ce qui concerne cette échéance !