Le bureau régional pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord de l’ONG Amnesty International, Amnesty MENA, a reproché jeudi au système judiciaire libanais de "se hâter pour pénaliser les familles des victimes (de la double explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020) qui réclament que justice soit faite, pour avoir jeté des pierres sur le palais de Justice (mardi, lors d’un rassemblement), alors que près de deux ans et demi après l’explosion de Beyrouth qui a détruit la moitié de la ville, personne n’a encore été tenu pour responsable".

Mardi, lors d’un rassemblement devant le palais de Justice pour réclamer une reprise de l’enquête, les familles ont forcé la porte du palais de Justice et une bousculade s’est ensuivie. À la suite de la manifestation, William Noun, frère de Joe Noun, l’un des dix pompiers tués dans l’explosion, et plusieurs autres activistes et proches des victimes ont été convoqués par la police judiciaire de Beyrouth.

"Les autorités libanaises ont indiqué clairement qu’elles ne soucient pas de la vérité ou de la justice et qu’elles auront recours à tous les moyens dont elles disposent pour entraver l’enquête et protéger les hommes politiques inculpés dans cette affaire", a poursuivi Amnesty MENA dans une série de tweets. "Le fait de bloquer le travail du juge (Tarek) Bitar (chargé d’instruire le dossier de l’enquête sur l’explosion) revient à étouffer l’enquête, a encore martelé l’ONG. Le juge Bitar devrait être autorisé à reprendre son travail immédiatement. Mais la communauté internationale doit également tenir compte des appels lancés par les victimes à une enquête internationale."

L’enquête sur l’explosion au port est bloquée depuis plusieurs mois en raison des nombreux recours déposés contre le juge Bitar notamment par les députés et anciens ministres, Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaïter, qui font partie des personnalités politiques, militaires et administratives dont la responsabilité a été retenue par le juge Bitar dans le cadre de son enquête.