Depuis une dizaine de jours, le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah s’emploie à envoyer des messages à ses adversaires politiques. Lors d’une intervention justifiée par le trentième anniversaire de la fondation d’un centre de recherches de son parti, le chef de la formation pro-iranienne a plaidé pour l’élection d’un président "capable de résister aux pressions américaines" et pour la formation d’un gouvernement composé de ministres ayant le même profil.

Il s’agit d’une réponse indirecte au discours des forces souverainistes qui soutiennent fermement la candidature du député Michel Moawad, et qui font la sourde oreille aux appels du tandem Amal-Hezbollah pour une entente autour d’un candidat consensuel, c’est-à-dire incolore et inodore. Le chef de la formation pro-iranienne a encore une fois répondu à Bkerké qui, hostile à la tenue de conseils des ministres en l’absence d’un chef de l’État et importuné par le blocage de la présidentielle, stigmatise une atteinte aux postes-clés maronites. Pour Hassan Nasrallah, "ce n’est pas l’élection d’un président pour le seul besoin de combler un mandat de six ans qui est prioritaire. Ce qui l’est, c’est le profil de la personne qui sera aux commandes du pays".

Se lançant dans une véritable diatribe contre les États-Unis qu’il accuse de tous les maux et principalement de la crise économique au Liban, "à cause des sanctions et du siège qu’ils imposent aux Libanais", le leader chiite a insisté sur le fait que "le nouveau président devra pouvoir résister aux pressions américaines".  "Nous voulons un État dont les composantes doivent fixer pour priorité l’intérêt national, la souveraineté et le courage. Lorsque nous aurons le courage d’accepter des dons envoyés par des États amis (en allusion à l’Iran), on verra ce que les Américains feront. Le président devra aussi avoir le courage de régler le dossier des déplacés de manière digne, de s’orienter vers l’Est et d’œuvrer pour la formation d’un gouvernement qui puisse sauver le pays et résister lui aussi aux pressions américaines", a-t-il dit, en soulignant "la difficulté de la tâche qui attend celui-ci, d’autant qu’il n’est pas possible dans les circonstances actuelles de compter sur une stabilité régionale qui impacterait positivement le Liban".

Le chef du Hezbollah en a profité pour attribuer la crise économique et financière "aux mauvaises politiques économiques des années 90", ciblant ainsi le fondateur du Courant du Futur, l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. Son discours dans lequel il a appelé à "établir une vision économique claire pour un redressement du pays" tendait surtout à jeter sur les autres toute la responsabilité des dysfonctionnements et des malheurs qui ont plongé le Liban dans l’abîme. Il a ainsi pointé du doigt "la politique américaine, la corruption, les projets répartis sur une base sectaire au détriment d’un développement équilibré des régions, les conflits régionaux, les guerres israéliennes contre le Liban", alors que la descente aux enfers du Liban a commencé avec la mainmise sur le pays du camp dont il tire les ficelles.