L’ambassade américaine à Beyrouth et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) ont annoncé mercredi le lancement du " Programme d’aide à l’armée libanaise et aux forces de sécurité intérieures ". Celui-ci consiste en une assistance financière de 72 millions de dollars au personnel de ces deux institutions, qui percevra 100 dollars américains mensuellement pour une période de six mois, sous condition d’éligibilité, conformément à la loi américaine.

Aoun : L’armée, dernier pilier de l’État

Lors de la conférence de lancement du programme, le commandant en chef de l’armée libanaise, le général Joseph Aoun, a rappelé les nombreux défis auxquels fait face l’armée libanaise, notamment l’effondrement économique et la crise budgétaire qui réduisent les moyens de l’institution militaire, dans un contexte de blocage politique interne qui empêche toute prise de décision. Il reprend une citation de Napoléon, selon lequel "une armée marche avec son estomac ", alors que le salaire des soldats ne leur permet pas de couvrir leurs besoins alimentaires.

" Dernier pilier de l’État et protectrice de l’entité libanaise ", l’armée jouit encore, selon le général Aoun, de la confiance de la communauté internationale et du peuple libanais. Alors que la situation sécuritaire interne se dégrade et que les développements régionaux sont inquiétants, Joseph Aoun a mis en garde contre les risques d’un effondrement du Liban, s’il ne reçoit pas un soutien international.

Il a notamment salué l’initiative qatarie, lancée en juin 2022, qui vise aussi à soutenir le personnel des forces armées et améliorer leurs conditions de vie, à travers une aide financière de 60 millions de dollars.

Quant au directeur générale des Forces de sécurité intérieure, le général Imad Osman, il a mis l’accent sur les souffrances des agents de sécurité ainsi que de leurs familles, touchés de plein fouet par la dévaluation de la livre libanaise. Une situation grave qui n’a pas eu raison de la détermination des FSI à remplir leur mission, comme en témoigne l’adoption de la stratégie " Ensemble pour une société plus sûre " et l’engagement de l’institution à ne pas enfreindre les droits de l’homme.

Shea : 3 milliards depuis 2006 

L’ambassadrice américaine à Beyrouth, Dorothy Shea, a souligné l’engagement des Etats-Unis à renforcer la capacité et la résilience des forces armées libanaises, qui s’est traduit par un soutien financier de près de 3 milliards de dollars depuis 2006, mais aussi par un appui au niveau de la formation, la logistique et la communication.

De par la nature temporaire du programme, l’ambassadrice a appelé le gouvernement libanais à prendre les mesures nécessaires pour garantir un salaire décent à ses soldats et agents de sécurité, ce qui passe par la mise en œuvre des réformes nécessaires ainsi que par la relance de l’économie.

La représentante résidente du PNUD au Liban, Melanie Hauenstein, a mentionné le résultat d’un sondage mené par les Nations Unies, qui révèle que l’armée libanaise ainsi que les forces de sécurité intérieure sont les deux institutions dans lesquelles les Libanais ont le plus confiance. Elle a de même souligné l’importance des forces armées, qui, en plus de garantir la sécurité du Liban, reflètent la diversité de la société libanaise et constituent un élément clef de son unité et sa cohésion.

Alors que la livre libanaise a perdu 97% de sa valeur, les salaires des militaires sont tombés à moins de 80 dollars par mois. En parallèle, l’armée libanaise avait cessé de fournir des repas à base de viande à ses troupes en 2020 suite au resserrement budgétaire. Une crise qui menace la cohésion des forces militaires, qui font face à des départs en masse (près de 5,000 désertions depuis 2019 selon Reuters), un moral en berne et des infrastructures délabrées.

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