Le bureau du Premier ministre sortant, Najib Mikati, a expliqué samedi dans un communiqué les raisons pour lesquelles ce dernier avait décidé de mettre à disposition de la présidence du Conseil tous les fonctionnaires de première catégorie, qui avait été arrêtés dans le cadre de l’affaire de l’explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth et qui ont été relâchés mercredi, alors que l’enquête reste en cours.

Les explications du secrétariat général du Sérail (siège de la présidence du Conseil) interviennent après la polémique suscitée par cette décision, d’autant que l’un des fonctionnaires, Badri Daher, ancien directeur général des douanes, aurait annoncé devant son entourage qu’il comptait reprendre ses activités lundi et se rendre à son bureau.

Dans son communiqué, la présidence du Conseil a expliqué que Najib Mikati n’a fait qu’exécuter une décision adoptée par le cabinet de l’ancien chef de gouvernement, Hassane Diab, le 10 août 2020, soit six jours après l’explosion du port. Elle répondait ainsi à des communiqués occultes considérant la décision de M. Mikati illégale parce que, selon leurs auteurs, elle n’a pas été prise en Conseil des ministres.

A cette fin, la présidence du Conseil a publié de larges extraits du procès-verbal de la réunion du 10 août 2020, " qui avait adopté 14 décisions toutes en rapport avec l’explosion ". " La quatorzième dispose que les fonctionnaires de première catégorie arrêtés ou qui seront arrêtés dans le cadre de l’enquête sont tous démis de leurs fonctions et mis à disposition de la présidence du Conseil ", selon le communiqué, qui précise qu’" il a été également demandé à tous les ministres de prendre les mêmes mesures à l’encontre des fonctionnaires de deuxième et de troisième catégories de leurs départements respectifs " au cas où ils seraient mis en cause dans le cadre de l’enquête.

Le secrétariat général de la présidence du Conseil a également précisé que cette décision " avait été prise, à la suite d’un débat exhaustif, à la majorité des membres du gouvernement parce que deux ministres s’y étaient opposés ". " Le président de la République (de l’époque, Michel Aoun) avait été consulté à ce sujet au téléphone, comme ce point n’était pas à l’ordre du jour de la séance ", selon le communiqué.

La présidence du Conseil a en outre estimé qu’il appartient aux autorités judiciaires en vigueur de se prononcer sur la légalité de cette décision du gouvernement Diab, qui reste ainsi en vigueur jusqu’à nouvel ordre.

En attendant, indique le texte, Najib Mikati avait demandé à la présidence du Conseil, mercredi, une fois la décision de libérer les détenus prise par le procureur de la République, Ghassan Oueidate, de notifier les ministres concernés, à savoir des Finances et des Transports de la décision du gouvernement Diab.

Une affaire à suivre quand même parce qu’elle s’inscrit dans le cadre du bras-de-fer engagé entre le CPL dont est proche Badri Daher et Najib Mikati, contre qui le parti que préside Gebran Bassil mène campagne depuis la fin du mandat du président Michel Aoun, en octobre 2022.