Congrès du Front souverainiste pour soulever l’affaire des détenus de Ain Remmané
Le Front Souverainiste pour le Liban a tenu mercredi 29 décembre une réunion extraordinaire consacrée à la scandaleuse affaire des détenus de Ain-Remmané, interpellés par les services de sécurité parce qu'ils avaient défendu leurs quartiers face à l'attaque de miliciens du Hezbollah, le 12 octobre dernier. Le réunion du Front, qui tenait ainsi son quatrième congrès, a eu lieu à la Maison centrale du Parti National Libéral, à Sodeco.
Le Front a tenu à marquer son action en pleine saison des fêtes afin d’exprimer son soutien indéfectible aux familles victimes d’injustice. Quoi de plus révoltant en effet que de voir les victimes arrêtées en tant que criminels alors que les agresseurs sont toujours en liberté et font preuve, de surcroît, d’arrogance ? C’est durant les fêtes de Noël que la solidarité doit s’exprimer en gestes concrets. C’était là le but de ce congrès du 29 décembre qui a rassemblé autour des représentants des familles, des personnalités souverainistes et judiciaires ainsi que des activistes dans le domaine des droits de l’Homme. Le Front entendait faire la lumière sur tous les aspects juridiques et politiques de ce dossier. Il cherche par là à élargir la coalition autour de cette affaire révoltante et d’une injustice poussée à l'extrême.

Le mot de bienvenue a été prononcé par le chef du Parti National Libéral, Camille Dory Chamoun, qui a souligné "l’analogie entre les mercenaires palestiniens et ceux du Hezbollah qui ont attaqué Aïn-Remmané, respectivement en 1975 et en 2021".

L'intervention du général Achraf Rifi

L’ancien ministre de la Justice et directeur des Forces de Sécurité intérieure, le général Achraf Rifi, a pris la parole afin d’exprimer sa solidarité indéfectible avec les familles de "ces héros qui ont défendu la dignité, la diversité et le vivre-ensemble". Le général Rifi a rappelé le lien de cette affaire avec le drame du 4 août 2020 au port de Beyrouth, mais aussi avec les incidents de Chouaya (entre le Hezbollah et des habitants druzes) et de Khaldé (entre le parti pro-iranien et des tribus sunnites) . L'ancien ministre a défini la réalité du Hezbollah comme étant une "alliance entre les armes illégales et la corruption, le tout rattaché à un fléau qui dépasse le Liban et qui ravage l’Irak, la Syrie et le Yémen". "Face à cela il faut opposer, a-t-il dit, la résistance comme celle de Ain-Remmané et le soutien inconditionnel au juge Bitar".
Le général Rifi a fait part de son étroite collaboration avec l’équipe des avocats des familles des détenus. Il a réitéré aussi sa condamnation du Hezbollah en rappelant qu'à l’instar de toute autre occupation, "cette oppression n’est pas éternelle comme en témoignent les stèles de Nahr-el-Kelb".

Antoine Messarra

Le magistrat Antoine Messarra, ancien membre du Conseil Constitutionnel, a précisé quant à lui qu’il n’y a jamais de justice dans un Etat dépourvu de souveraineté, "car avec le trésor, la sécurité et la diplomatie, la justice fait partie des fonctions régaliennes inconcevables en dehors du principe de souveraineté nationale".

Wael Kheir

Le directeur exécutif de la fondation des droits de l’homme et du droit humanitaire au Liban, Wael Kheir, a dénoncé et condamné de son côté l’existence des tribunaux spéciaux symptômes des régimes totalitaires. Cette forme de justice est incompatible avec les systèmes et valeurs démocratiques. C’est ainsi que M. Kheir a remis en question la légitimité du tribunal militaire, devenu un instrument d’oppression.


Les familles

Au nom des familles de Ain-Remmané, Kamal Beyrouthi a demandé au tribunal militaire de relâcher ses compagnons et voisins, tous innocents. Il a cité à cet égard l’évangile de Saint Jean (8 :32) « Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous affranchira ».

Elie Mahfoud

Pour clôturer, le communiqué du Front souverainiste a été lu par Elie Mahfoud qui est revenu sur la comparaison avec les événements de 1975 à l’origine du déclenchement de la guerre. « Ils espéraient répéter le fâcheux et funeste incident du bus de Ain-Remmané, a souligné M. Mahfoud, mais ils ont oublié que nous vivons à l’ère des réseaux sociaux ». De fait, de nombreuses vidéos ont démasqué des centaines d’hommes armés tirant au hasard et de manière sauvage sur les civils et devant les forces de l’ordre.
"Le Front, ainsi que tout citoyen souverainiste, ne peut plus accepter cette anomalie des deux poids, deux mesures, ni cette logique d’intimidation, d’arrogance et de supériorité, souligne le communiqué. Il ne peut plus y avoir de citoyens de première classe, appartenant à ladite résistance, et d’autres de seconde zone, toujours taxés de traitres et de collaborateurs. Pour toute ces raisons, nous tous au sein du Front Souverainiste, a ajouté M. Mahfoud, exigeons la liberté pour les opprimés et la libération de tous les détenus de Ain-Rémmané, la forteresse de la résistance et de la dignité ».

La plainte contre Nasrallah

Avec les familles des détenus de Ain-Remmané, le Front avait déposé une plainte le 23 décembre dernier, par le biais de ses avocats dont notamment Me Elie Mahfoud et l’ancien procureur militaire le magistrat Peter Germanos. Cette plainte contre le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah en personne, crée un précédent en brisant un tabou et en faisant tomber le mythe de son piédestal (Hassan Nasrallah).
Pour la première fois, une telle plainte a été transmise par la procureur générale Ghada Aoun pour enquête devant la Sureté d’Etat. Le dossier contient les preuves, avec son et images à l’appui, de l’agression dirigée intentionnellement contre Ain-Remmané. Les armements légers et lourds, les provocations on ne peut plus explicites, et le mouvement de masses selon des consignes bien précises : tout cela ne laisse plus le moindre doute sur le caractère délibéré de l’attaque et sur la nécessité de recourir à la légitime défense de la part des habitants du quartier.
Cependant, sans illusion aucune, tout le monde sait que la Garde Révolutionnaire iranienne contrôle le pays d’une main de fer et que le dossier n’ira pas plus loin que cela. Preuve de cette soumission totale des institutions étatiques, les propos récents du Premier ministre Nagib Mikati qui vient de nier explicitement la véracité de l’occupation iranienne. Face à une telle déliquescence, il semblerait que l’unique issue pour le peuple opprimé soit une protection internationale, du moins pour les régions qui refusent la domination iranienne.
Lancé le 29 septembre 2021, le Front Souverainiste rassemble une vingtaine de formations souverainistes de la révolution ainsi que des personnalités et partis politiques tels que les Forces Libanaises, le Parti National Libéral, le Parti Syriaque International et les Gardiens du Cèdre. Le but de ce front est de dénoncer ouvertement la mainmise du Hezbollah sur le Liban, son Etat et ses institutions, et de mettre l’accent sur son rôle de bras armé de la République Islamique d’Iran. Le Front Souverainiste aspire à rendre l’espoir aux Libanais et surtout à montrer au monde libre qu’il existe une volonté concrète de résister à l’occupation iranienne.
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