La problématique liée à la présence massive et chaotique des déplacés syriens a été passée en revue lors d’un conseil de sécurité restreint que le mohafez de Baalbek-Hermel, Bachir Khodr, a convoqué et présidé au siège de la municipalité du village d’Ersal, à la frontière avec la Syrie.

Celui-ci était motivé par des plaintes relatives à la concurrence déloyale des travailleurs syriens, fortement présents dans le village et dans son périmètre et la nécessité de trouver les solutions adéquates. Étaient présents, le mufti de Baalbek-Hermel, cheikh Bakr el-Rifai, le chef des renseignements militaires de la Békaa-Nord, le général Melhem Hadchiti, le chef de la Sûreté générale de la Békaa-Nord, le commandant Hamoud al-Jibaoui, ainsi que des représentants du service de sécurité de l’État, des postes de gendarmeries et d’autres forces actives de la région.

M. Khodr, qui gère la municipalité d’Ersal, à cause de la démission de son conseil, a expliqué que c’est à la demande des moukhtars et des forces actives du village qu’il a convoqué la réunion afin de discuter des moyens de régler la concurrence déloyale des travailleurs syriens envers les travailleurs libanais "dans le village qui abrite (dans son périmètre) 147 camps de réfugiés syriens, sans compter les appartements et les magasins commerciaux loués", par des réfugiés syriens. "L’objectif est d’imposer la loi, la sécurité et l’autorité de l’État sur ces terres, qui font partie du territoire libanais", a-t-il dit.

Selon ses explications, "entre 20 et 30 familles qui quittent la Syrie pour venir s’installer au Liban sont interceptées chaque jour dans les environs d’Ersal". "Ces personnes sont soumises aux procédures légales de rapatriement, mais celles-ci sont souvent difficiles et compliquées", a ajouté M. Khodr, qui a mis l’accent dans ce cadre sur l’importance de la sécurité préventive "car la situation n’est plus tolérable".

Ce problème se pose avec acuité à Ersal, mais aussi dans d’autres régions libanaises, notamment périphériques. S’il ne fait que s’aggraver, c’est en raison de deux facteurs. Le premier est la démission totale de l’État libanais qui, depuis le début de la guerre en Syrie, en 2011, n’a pas géré correctement ce dossier, laissant les réfugiés syriens s’installer de façon anarchique dans le pays. Le second est l’absence d’une volonté internationale de régler ce dossier et de mettre en place un calendrier-programme pour un début de rapatriement de ces derniers. Non seulement l’aide fournie par la communauté internationale aux déplacés, à travers le HCR, encourage ces derniers à rester au Liban, mais elle pousse des Syriens désireux de bénéficier d’aides à l’instar de leurs compatriotes déplacés, de venir s’installer au pays du Cèdre. Des centaines de milliers de Syriens installés au Liban sont ainsi des déplacés économiques et non pas politiques, alors que le pays est en proie à une crise économique et financière sans précédent.

M. Khodr a soulevé un autre problème: celui du vol du courant électrique dans les camps. Il a fait assumer la responsabilité de ce problème aux Libanais qui louent les terrains sur lesquels les camps sont installés. "Je ne veux pas blâmer les réfugiés syriens, car c’est le propriétaire du terrain loué qui vole l’électricité et la leur revend", a-t-il dit, en soulignant que ce problème devrait être résolu lorsque les factures d’électricité seront perçues. Dans ce contexte, il faut rappeler que le ministère de l’Énergie a lancé il y a quelque temps une campagne de lutte contre les branchements illicites.

En réponse à une question, le mohafez a fait état d’une coordination étroite entre les services de sécurité, au sujet notamment des questions de rapatriement, en précisant toutefois que "la Sûreté générale ne peut pas prendre l’initiative de rapatrier les réfugiés, mais doit se conformer aux lois et aux instructions de la magistrature".