La commission ministérielle chargée du dossier syrien tiendra mercredi une réunion pour "prendre des mesures concrètes", alors que des manifestations de réfugiés et des contre-manifestations seraient prévues dans la journée.

Le dossier de la présence massive de réfugiés syriens au Liban est revenu en force sur le tapis, à cause d’une succession d’événements de nature à exacerber la tension sur le terrain. On cite le ras-le-bol de travailleurs libanais face à la concurrence déloyale syrienne, le tollé qui a suivi, côté syrien, l’expulsion par l’armée libanaise d’une soixantaine d’individus entrés illégalement dans le pays et, côté libanais, l’affaire de faux extraits d’état civil libanais accordés à des nouveau-nés syriens.

Face à une tension qui monte, alors que les réfugiés syriens s’apprêtent à manifester contre l’expulsion de leurs compatriotes et que, dans certaines régions, les élus locaux ont commencé à leur imposer des contraintes sévères, la commission ministérielle chargée de ce dossier tiendra mercredi une réunion consacrée à ce dossier.

Celle-ci est prévue à 11h au Sérail et sera présidée par le chef du gouvernement d’expédition des affaires courantes, Najib Mikati, en présence des ministres sortants de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, de la Défense, Maurice Slim, des Affaires sociales, Hector Hajjar, et de la Santé, Firas Abiad. Un ministre, contacté par Ici Beyrouth, a indiqué que cette réunion se justifie par la gravité de la situation et que des "décisions importantes et concrètes" pourraient être prises.

Quelques heures auparavant, le ministre sortant de l’Information, Ziad Makari, avait annoncé, dans le cadre d’une visite à Ici Beyrouth, qu’il comptait réclamer une réunion du gouvernement axée sur ce dossier. M. Makari, qui a confirmé l’implication de moukhtars dans un trafic d’attribution d’extraits d’état civil libanais à des nouveau-nés syriens, a estimé que "la présence massive de déplacés syriens au Liban pose un sérieux problème qu’il devient urgent d’aborder".

Parallèlement, dans un souci évident de désamorcer la tension sur le terrain, le ministre Bassam Maoulaoui a demandé mardi soir aux Forces de sécurité intérieure (FSI) d’interdire les manifestations des réfugiés syriens ainsi que les contre-manifestations prévues mercredi.

M. Maoulaoui s’est fondé sur des nouvelles circulant sur les réseaux sociaux qui font état d’une manifestation qui sera organisée mercredi par les réfugiés syriens devant les locaux du Haut comité des réfugiés (HCR) et devant d’autres institutions sur l’ensemble du territoire. Ces manifestations seraient organisées en signe de protestation contre ce qu’ils considèrent "le silence" de ces institutions "face à l’expulsion forcée des Syriens", selon les nouvelles sur les réseaux sociaux.

De même, et toujours selon le ministre sortant de l’Intérieur, une contre-manifestation est prévue au même moment et au même endroit par un groupe dénommé "la campagne nationale pour la libération du Liban de l’occupation démographique syrienne".

M. Maoulaoui a donc demandé aux FSI d’interdire les deux mouvements de protestation, considérés illégaux car "n’ayant pas respecté les procédures régulières". De plus, ils peuvent conduire à des altercations entre les manifestants ainsi qu’à des émeutes.