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Le report imposé des élections municipales n’est qu’une nouvelle forme du délitement des institutions au Liban. Après la vacance au niveau de la présidence de la République, considérée comme le poste le plus élevé de la République, et avec le gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes suite aux dernières élections législatives, il est devenu habituel de voir le blocage s’étendre à d’autres sphères.

La situation désastreuse au Liban n’est pas le fruit de la fatalité. C’est sans aucun doute le résultat d’un laxisme intentionnel et prémédité. La situation ne fera qu’empirer sans une intervention politique forte pour lancer les réformes économiques, financières et monétaires longtemps attendues. Si cela avait été fait à la suite des conférences de soutien au Liban, la situation économique aurait certainement été différente.

Vous souvenez-vous des conférences de Paris 1, Paris 2, et Paris 3?

Vous souvenez-vous de "CEDRE" (Conférence Économique pour le Développement du Liban par les Réformes avec les Entreprises) tenue, elle aussi, à Paris?

Vous souvenez-vous des querelles politiques mesquines qui ont anéanti toutes les chances proposées par ces conférences dans le but de lancer les réformes économiques et de juguler le gaspillage dans les différents secteurs?

Tout cela n’est que pur suicide. Si une nation se voit proposer une aide extérieure mais qu’elle laisse passer l’occasion pour des querelles de clochers, cela ne peut être qu’un manque de responsabilité nationale total, voire d’éthique de la part de cette nation. Ainsi, tous les prétextes futiles avancés par les différentes parties, sur base de leurs propres intérêts sectaires, tombent à l’eau.

Aujourd’hui, malgré une situation dramatique et les effondrements en série qui pèsent sur le quotidien et la dignité des Libanais, une lueur d’espoir se profile à l’horizon. En fait, l’opération de sauvetage requiert des démarches désormais connues. Ces dernières commencent par la réhabilitation des institutions constitutionnelles, en passant par l’élection d’un président jouissant du respect aussi bien sur la scène interne qu’arabe et internationale, et capable de communiquer avec toutes les forces politiques, sans parti pris, ni préjugés, ni rancœur, ni esprit vindicatif.

En deux mots, il faudrait trouver un chef d’État (homme ou femme) qui soit respecté aussi bien sur les scènes interne, arabe et internationale, et qui pourrait transcender les petites mesquineries internes. Il devra, en outre, être à la hauteur des responsabilités imposées par sa fonction, ne demandant rien pour sa personne et ne favorisant aucun parti ou courant. Cela revient à dire qu’il doit diriger son pays avec sagesse, rationalité, professionnalisme et responsabilité sans faille.

Il devra également travailler de pair avec un gouvernement ayant obtenu la confiance du peuple, à commencer par son chef (entendre le Premier ministre) en passant par l’ensemble de ses ministres, en s’assurant que ce gouvernement obtienne par ailleurs un soutien politique important afin de faciliter son travail et de s’éloigner des petitesses et des blocages politiques qui entravent la bonne marche du processus. Cela devra être effectué dans un contexte difficile, que ce soit sur le plan économique, monétaire, financier et des conditions de vie. Les solutions devront être mises en place sur différents fronts, en commençant par l’électricité, qui a épuisé la trésorerie, pour s’étendre graduellement à tous les autres secteurs.

Si la destruction systématique du pays fut imposée, son sauvetage n’en reste pas moins un choix. Ce pays a longtemps été loué pour son pluralisme, sa différence, sa mission. Il fut un exemple. Nous ne pouvons pas le laisser dépérir.