Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a critiqué les propos tenus par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui avait plaidé vendredi pour une normalisation des relations avec le régime de Bachar al-Assad afin de permettre le retour des réfugiés. M. Nasrallah avait par ailleurs signalé une normalisation interne avec la vacance présidentielle et refusé que le gouvernement sortant nomme un nouveau gouverneur à la tête de la Banque centrale. Il avait également maintenu l’option d’une escalade de sécurité avec Israël en réponse à la situation à Gaza.

"Si Hassan Nasrallah est soucieux d’élire un président de la République, pourquoi bloque-t-il les élections depuis six mois? Pourquoi n’appelle-t-il pas à une session d’élection présidentielle? Il ne le fait pas parce que le candidat du Hezbollah ne pourra pas gagner, voilà pourquoi il favorise la vacance présidentielle", a déclaré M. Geage lors d’un entretien accordé samedi au quotidien libanais Nidaa al-Watan.

Concernant le refus du leader de la formation pro-iranienne de permettre à un gouvernement démissionnaire de nommer un nouveau gouverneur pour la Banque centrale, M. Geagea a expliqué qu’un cabinet chargé de l’expédition des affaires courantes ne peut pas effectuer de nominations et ne peut se réunir que pour des questions urgentes. "Cependant, vu que le mandat du gouverneur de la BDL, Riad Salamé, touche à sa fin, rien n’est plus urgent que de nommer un nouveau gouverneur. Les administrations publiques peuvent gérer les affaires courantes, mais pas la Banque du Liban, laquelle elle a besoin de remplir son rôle pleinement", a-t-il précisé.

Se penchant sur le dossier des réfugiés syriens, le leader chrétien a souligné qu’il n’y a plus lieu de les qualifier de réfugiés ou de déplacés et qu’il s’agit plutôt de Syriens qui se trouvent au Liban et sont par conséquent soumis aux lois en vigueur. Et M. Geagea d’ajouter: "Les circonstances ont changé. Tout le monde sait que le président syrien Bashar al-Assad ne souhaite pas le retour des Syriens du Liban pour des raisons stratégiques, démographiques et politiques. Il ne souhaite pas non plus le retour des Syriens de Jordanie et de Turquie. Bien que la Jordanie n’ait pas complètement rompu avec le régime d’Assad et ait joué un rôle clé dans son retour à la Ligue arabe, aucun réfugié syrien en Jordanie n’est rentré chez lui".

Plus encore, Samir Geagea a exprimé son incompréhension vis-à-vis des positions de Hassan Nasrallah concernant la Syrie. "Je ne comprends pas comment M. Nasrallah ignore les faits de la sorte, et propose une solution qui n’en est pas une, en soutenant la légitimité du régime Assad et en demandant au gouvernement de transition d’établir des relations politiques normales avec la Syrie", s’est-il indigné. "Tout cela a déjà été tenté à plusieurs niveaux ministériels et non ministériels, mais n’a pas abouti. Supplier Bachar el-Assad ne servira à rien". Et M. Geagea de poursuivre: "Au stade actuel, la question des réfugiés est une décision souveraine libanaise. Ils doivent être classés et répertoriés selon des critères spécifiques qui détermineront qui peut rester au Liban et qui doit être expulsé. Il est de la responsabilité du gouvernement, dont fait partie le Hezbollah, de décider du retour des Syriens".

Par ailleurs, le leader FL s’est penché sur les affrontements palestino-israéliens à Gaza, ainsi que sur les menaces proférées par le numéro un du Hezb. "Lorsque M. Nasrallah déclare qu’il n’hésitera pas à prêter main forte aux résistants palestiniens s’il le juge nécessaire, il confisque à nouveau au peuple et au gouvernement libanais une décision censée être souveraine par excellence", a-t-il indiqué. "Monsieur Nasrallah, vous faites partie du gouvernement, par conséquent toute décision doit être prise à sa table, sinon cela est considéré comme une nouvelle violation des droits du peuple libanais", a conclu Samir Geagea.