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Il est désormais évident que les responsables de la vacance présidentielle, passés et présents, sont décidés à venir à bout des institutions de l’État, ou du moins ce qui l’en reste, à commencer par l’armée libanaise. Ce sont ceux-là mêmes qui se sont montrés furieux lorsque les États-Unis et d’autres pays ont décidé d’aider financièrement l’armée, affublant ces pays de toutes sortes d’accusations. Cela est d’autant plus déroutant que ces factions, en particulier le Hezbollah, reçoivent un soutien financier ainsi que des armes, entre autres, de la République islamique iranienne, considérant que ce qu’ils font n’est pas répréhensible.

De source politique bien informée, on affirme que ces mêmes factions cherchent par ailleurs à créer une vacance au niveau de la gouvernance de la Banque du Liban et du commandement de l’armée. En effet, une telle double vacance achèverait les pouvoirs financier et militaire au profit du chaos en premier lieu, et de l’économie parallèle en second lieu, notamment " Al Qard al-Hassan " (institution financière rattachée au Hezbollah), sans compter la milice composée de combattants affiliés au Hezbollah au Liban-sud.

D’autre part, les sources en question mettent en garde contre la persistance du blocage de l’élection présidentielle et des réformes politiques et économiques. Sans compter que Washington pourrait cesser de soutenir l’armée en termes de financement. En effet, cette dernière percevait une aide américaine mensuelle de 100 dollars par soldat et officier ; le Qatar emboîterait également le pas des Américains à cet égard. De plus, la valeur des soldes perçues par les militaires en livres libanaises est dérisoire et ne suit pas l’augmentation de la cherté de vie et du taux de change qui affecte différents secteurs, en particulier l’éducation et l’enseignement supérieur. Cependant, force est de signaler que le commandement de l’armée continue de couvrir les soins médicaux, et de fournir des aides alimentaires et du carburant grâce à des dons locaux. Il reste que si la situation précaire persiste, elle aura pour effet d’épuiser les ressources de l’institution militaire et de menacer sa cohésion.

Partant, il est nécessaire que les partisans de l’édification d’un État efficace, de la restauration de la souveraineté et de la centralisation des armes sous l’autorité de l’État, exercent des pressions locales et internationales afin de mettre en évidence ces vérités et de garantir la tenue de l’élection présidentielle dans les plus brefs délais. De plus, il est crucial de former un gouvernement qui mettrait le pays à l’abri des tensions régionales et qui prendrait efficacement en charge la situation économique et financière afin de redresser la livre libanaise et de s’engager sur la voie de la reprise.

C’est dans ce cas uniquement que l’État sera en mesure de répondre aux besoins financiers de l’armée et de revaloriser en partie les soldes des militaires, éloignant de ce fait les dangers qui menacent cette institution.

Une telle entreprise ne sera pas chose aisée du fait que les adeptes de la vacance à différents niveaux persistent à refaçonner le Liban sur base de leur projet, lequel, soit dit en passant, ne ressemble en rien à un État digne de ce nom.