L’ambassadeur du Liban en France Rami Adwan serait sous le coup de deux plaintes déposées par deux jeunes employées à l’ambassade.

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Deux jeunes femmes ont déposé plainte pour dénoncer des faits de viol et de graves violences de la part de l’ambassadeur du Liban en France Rami Adwan, en poste à Paris depuis 2017, selon le média en ligne français Mediapart.

Le diplomate, proche de l’ex-président Michel Aoun et du chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, dément ces accusations. Contacté par Ici Beyrouth, l’avocat de monsieur Adwan, Me Beylouni, affirme que " son client s’est expliqué largement sur ces allégations ". " Il conteste ces accusations, d’un viol et de coups. Il a expliqué la nature de ces relations, parfois tumultueuses et émaillées de scènes et de disputes. Il est disposé à s’en expliquer le cas échéant ", a-t-il précisé.

Selon Mediapart, l’une des plaignantes l’accuse de l’avoir frappée à la tête avec un presse-papier en marbre et de l’avoir violée. La seconde affirme qu’il a tenté de la renverser en voiture et de l’avoir étouffée dans son matelas. Toutes deux évoquent des violences infligées pendant plusieurs années par celui avec lequel elles entretenaient une relation intime. Des faits que l’ambassadeur, qui a fait ses classes à l’École nationale d’administration (ENA) en même temps que le président français Emmanuel Macron, nie en bloc, contestant " toute accusation d’agression verbale, morale, sexuelle ".

Toujours selon le média français, la première demandeuse relate plusieurs épisodes au cours desquels elle aurait subi de nombreuses violences physiques, sexuelles, morales et verbales qui remonteraient à l’été 2017. Elle s’est même rendue aux urgences parisiennes en 2020 à la suite d’un " hématome occipital " et de " lésions érythémateuses au niveau des deux poignets " d’après le certificat que lui a délivré le médecin traitant. Après plus de 3 ans de violences et d’abus, la jeune femme se serait décidée à porter plainte au commissariat du Ve arrondissement en 2022.

Mediapart fait également état de la seconde plaignante. Cette dernière a aussi porté plainte pour violences volontaires contre Rami Adwan. Cette étudiante libanaise, arrivée seule en France en 2018 à l’âge de 23 ans, a travaillé pendant quatre ans à l’ambassade, jusqu’à fin 2022, comme stagiaire puis employée au cabinet. Elle aussi aurait eu une relation intime avec son supérieur, qu’elle qualifie face aux enquêteurs de la police judiciaire de " relation d’emprise ", fondée sur la " peur " et " un système de punitions et de récompenses ", dépeignant un tableau associant harcèlement moral, violences physiques et psychologiques. Des photos, qui figurent dans l’enquête judiciaire ouverte par le parquet de Paris, montreraient son visage écorché et tuméfié au niveau de la lèvre et du nez.

Rami Adwan, pour sa part, livre d’autres versions des faits et dément formellement les accusations de ses deux anciennes employées, d’après les propos rapportés par Mediapart.

Cependant, les textes réglementaires découlant de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961 stipulent qu’un ambassadeur ne peut être " soumis à aucune forme d’arrestation et de détention ", et ne peut être poursuivi devant la juridiction du pays dans lequel il officie. Sauf si l’État d’origine décide de lever son immunité. La balle serait donc dans le camp du Palais Bustros. Pour l’heure, le ministère libanais des Affaires étrangères indique n’avoir " aucun élément sur cette affaire dont est saisie la justice et qui est couverte par le secret de l’enquête ".