Invité porté aux nues à une conférence organisée mercredi par la Faculté de droit et des sciences politiques de l’USJ, dont la doyenne n’est autre que Marie-Claude Najm, ancienne ministre proche des aounistes au sein du gouvernement de Hassan Diab, William Bourdon s’est acharné, sans surprise, sur le secteur financier tout au long de son intervention, sans jamais prendre la peine de mentionner un seul des différents responsables politiques libanais.
William Bourdon s’est gargarisé de slogans populistes face à un public qui lui est «bien mal acquis»: «Génocidaires, grande voyoucratie mondiale, mafia, déshonneur de la profession, système de défense cynique»… Reçu mercredi 21 juin par la Faculté de droit et des sciences politiques (FDSP) de l’USJ, dont la doyenne n’est autre que Marie-Claude Najm, ancienne ministre de la Justice au sein du gouvernement Hassan Diab, le fondateur de l’association Sherpa a brandi l’étendard d’un thème très honorable: «La restitution des biens mal acquis et la préservation des droits et intérêts de l’État».
En revanche, la démonstration fut hargneuse sur la forme et biaisée et partiale sur le fond.
William Bourdon – sous les regards complices et admiratifs de l’ancienne ministre et du modérateur de la séance, l’avocat Karim Daher – s’en est violemment pris à ses boucs émissaires préférés, le gouverneur de la banque centrale, Riad Salamé, et les banques commerciales. Sur la responsabilité de la classe politique, pas un mot. Sur la responsabilité de l’État dans l’effondrement du pays, pas un mot non plus. Pas un mot, enfin, sur la responsabilité du Hezbollah et de ses réseaux financiers parallèles et illégaux. Dans un réflexe néocolonialiste, William Bourdon a affirmé qu’«il y a beaucoup de têtes d’affiches, et nous allons nous en occuper».
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À une question, pourtant fondamentale, sur un «délit d’initié sur le défaut de paiement des Eurobonds», décidé par le gouvernement de Hassan Diab en mars 2020, William Bourdon, embarrassé, a refusé de répondre.
Personne n’a pu, non plus, le questionner sur le grand écart entre l’image d’incorruptible qu’il se donne et des liens avérés et étroits avec des personnalités libanaises proche du Courant patriotique libre de Gebran Bassil, sous le coup de sanctions américaines pour corruption. Déjà mis en lumière plusieurs fois par Ici Beyrouth, un réseau local et international fait le jeu des aounistes pour tenter de faire chuter les adversaires politiques de Michel Aoun, notamment Riad Salamé, que Gebran Bassil veut faire remplacer par une personne qu’il pourrait contrôler.
Aoun, Harfouch, Goulet, Bourdon
Le 4 avril 2022, ces «liaisons dangereuses» ont publiquement débuté. Le colloque qui s’était tenu dans une annexe du Sénat français avait réuni une étrange brochette de personnalités pour réfléchir à «l’indemnisation des victimes de la corruption et des conflits armés».
Étrange convergence d’intérêt entre une «célèbre» procureure libanaise, Ghada Aoun, instrument judiciaire de l’ex-présidence libanaise radiée de la magistrature pour abus de pouvoir et pour fronde contre les règles de procédure judiciaire en mai dernier; un sulfureux richissime homme d’affaires libanais qui ambitionne une carrière politique au Liban, battu à plate couture lors des dernières législatives, Omar Harfouch; la sénatrice française de l’Orne et membre de l’Union centriste, Nathalie Goulet, dont le nom est apparu dans plusieurs dossiers sensibles de financement politique (Qatar, Azerbaidjan); et enfin William Bourdon.
Face à de tels errements, la justice risque fort bien de perdre le nord.
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