Pour l’avocat Majd Harb, le problème auquel fait face la justice ne réside pas dans le corps ou le système judiciaires, mais dans deux facteurs distincts. Le premier se rapporte aux délais: un litige judiciaire au Liban pouvant s’étaler sur une période allant de 10 à 15 ans, de plus en plus de parties s’orientent vers l’arbitrage. Le second est plus complexe: il s’agit de la conséquence de la non-application de la loi.

Selon lui, le système qui existe au Liban fonctionne, mais la loi ne s’applique pas partout de la même manière. "Il est vrai que des amendements doivent être apportés à certains textes ou au système, mais le problème principal est que la loi n’est pas appliquée sur tout le territoire", souligne M. Harb au cours de l’émission Political Pulse diffusée sur This is Beirut.

M. Harb donne aussi son avis sur la réforme du système judiciaire. Celui-ci, note-t-il, n’a pas besoin de réforme structurelle. "Ce qu’il faut, ce sont des personnes qui mettent en œuvre les lois et les interprètent sans être perméables aux influences politiques ou populaires".

Abordant la question des juges qui défient leurs supérieurs hiérarchiques, Majd Harb confirme l’existence de "brèches utilisées pour couvrir des juges corrompus, mais aussi pour retarder des décisions de renvoi de certains juges".

Pour combattre ce système et renforcer la séparation des pouvoirs, "une purge" est nécessaire, selon les propos de M. Harb. "Il faut aussi plus de transparence et de sanctions, même des sanctions internationales", dit-il. Lorsque le juge sait qu’il est surveillé et qu’il risque d’être sanctionné par une entité plus importante que le politicien dont il est proche, il se mettra à appliquer la loi, selon l’invité de Political Pulse.

Se penchant sur le problème de l’enquête sur l’explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth, M. Harb ne conçoit pas de solution à l’heure qu’il est sans une investigation internationale. "Dans un pays corrompu où chaque juge applique un agenda politique, on n’a ni espoir ni confiance," martèle-t-il.  "Justice différée équivaut à déni de justice", conclut M. Harb.

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