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Dès son retour à Paris, au terme de la première étape de sa mission à Beyrouth, l’envoyé spécial du président Emmanuel Macron a rendu compte à ce dernier des résultats de ses entretiens de trois jours dans la capitale libanaise, la semaine dernière.

Ils sont tous deux convenus que M. Le Drian lui remettrait un rapport détaillé des discussions dans les prochains jours. Ce rapport sera ensuite discuté avec les équipes de l’Élysée et du Quai d’Orsay afin de déterminer la direction que prendra la deuxième étape de la mission de Le Drian, à Beyrouth, et d’étudier la possibilité de mettre en place une nouvelle initiative pour un déblocage de la présidentielle ou encore de nouvelles idées pour sortir le Liban de la crise.

Selon certaines informations, la première conclusion dégagée par M. Le Drian est que l’élection d’un président est impossible au vu de l’équilibre des forces actuel au Parlement. Il est presque impossible de faire basculer cet équilibre en faveur d’un camp déterminé, étant donné la répartition actuelle des forces. En d’autres termes, aucun camp ne pourra réunir les 86 députés dont la présence est requise dans l’hémicycle pour mener à bien le processus électoral, avec 65 voix parlementaires nécessaires pour l’élection d’un président au second tour.

La seconde conclusion est que le Hezbollah s’accroche à son candidat, le chef des Marada et ancien ministre, Sleiman Frangié, qu’il veut hisser à la tête de l’État. Le Hezb déploiera à cet effet tous les efforts nécessaires et ne permettra pas la tenue d’une nouvelle séance électorale s’il n’est pas assuré de l’élection de M. Frangié.

De sources diplomatiques, on indique que ces deux conclusions ne sont pas encourageantes pour la mission de Jean-Yves Le Drian. L’émissaire français la poursuivra, néanmoins. Il tentera de convaincre l’axe obstructionniste qu’il ne lui sera pas possible dans la situation actuelle de faire accéder son candidat à la présidence de la République et que l’attente d’un changement de circonstances ou des équilibres des forces pourrait traîner en longueur. Ce changement pourrait même ne pas se produire. Dans un tel contexte, le Liban sera livré à lui-même et ne pourra bénéficier d’aucune aide arabe ou internationale, ce qui entraînera davantage de désintégration d’institutions clés, telles que la banque centrale ou le commandement de l’armée. Le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, doit prendre sa retraite dans quelques semaines, rappelle-ton.

De mêmes sources, on indique que Paris étudie toujours l’opportunité d’engager de nouveau des contacts avec la République islamique d’Iran dans l’espoir que celle-ci fera pression sur le Hezbollah pour qu’il renonce à M. Frangié. Pour l’heure, la France hésite à emprunter cette voie, parce qu’elle est convaincue que Téhéran ne jouera pas ce rôle puisque sa politique est celle que le Hezbollah applique au Liban.

Selon ces sources diplomatiques, tout ce tableau sera communiqué au Groupe des cinq (Les États-Unis, l’Arabie saoudite, l’Égypte et le Qatar, en plus de la France) en charge du dossier libanais, dans l’espoir d’une percée qui permettrait de reconstituer le pouvoir au Liban et d’aider le pays à faire face à d’importants problèmes et échéances à venir. Les plus importantes restent pour l’heure l’élection d’un chef de l’État et la formation d’un gouvernement qui s’attellera au dossier des nominations à des postes clés, finalisera un accord avec le Fonds Monétaire International (FMI). Il y a bien sûr aussi, la prospection gazière et pétrolière dans le bloc 9 en Méditerranée et la crise des réfugiés.

Tous ces dossiers ne seront cependant pas réglés tant que le Hezbollah maintiendra sa mainmise sur l’échéance présidentielle.