L’uléma Ali al-Amine, connu pour son opposition continue au duopole Hezbollah-Amal et à la politique iranienne dans la région, a affirmé que "le Hezbollah ne peut pas représenter tous les chiites", tout en mettant l’accent sur les dommages que ses politiques ont infligés à la communauté et au Liban.

Lors d’un entretien, accordé dimanche au média Independent Arabia, le dignitaire religieux a évoqué le désir des chiites libanais de "créer un État juste et équitable", appelant les uns et les autres à ne pas mettre tous les chiites dans le même sac suivant la politique prônée par la formation pro-iranienne.

"Nous avons rejeté leur projet (celui du duopole chiite) depuis les années 1980. Il repose sur la survie des armes en dehors des institutions de l’État et est contraire à l’autorité exclusive de l’État en matière de guerre, de paix, de sécurité et de souveraineté sur son territoire et son peuple", a aussi rappelé l’opposant chiite.

Le sayyed est aussi revenu sur la révolution iranienne de 1979 qui a permis "la politique d’exportation de la révolution à l’étranger en commençant par le Liban", qui à cette époque, a-t-il aussi rappelé, était vulnérable "en pleine guerre civile" et donc "l’endroit idéal pour l’importation".

Trois facteurs, selon ce dernier, ont mené à cela, dont notamment "le sentiment de marginalisation des chiites libanais, le conflit avec Israël et le soutien iranien – qui ont convergé en 1982 pour donner naissance à une force politico-militaire chiite organisée, le Hezbollah".

"En soutenant le Hezbollah, l’Iran est entré par la grande porte dans le conflit israélo-arabe, ce qui lui a permis d’étendre son influence dans le monde arabe, compte tenu de l’importance de la cause palestinienne dans la conscience arabe", a-t-il poursuivi.

M. Al-Amine a également souligné que "les politiques du Hezbollah, associées à l’agenda iranien, ont porté préjudice à la communauté chiite, ainsi qu’à ses alliés nationaux, entraînant le Liban dans la sphère iranienne, s’immisçant dans les affaires des pays arabes".

Concernant son opposition ferme à l’implication du Hezbollah dans la guerre de Gaza, il a estimé que "ce conflit n’est pas bénéfique pour la population de Gaza et nuit au Liban".

Selon lui, "le Liban, État arabe, ne peut entrer seul dans une guerre non préparé, si les autres États arabes n’ont pas choisi la guerre". "Le Liban ne peut pas et ne doit pas supporter seul les conséquences de ces guerres", a-t-il aussi défendu. Le sayyed a alors réitéré sa demande de "déployer l’armée libanaise au Liban-Sud, ainsi que des forces internationales" pour préserver le pays et sa population.

Défendre les voix chiites opposantes

Abordant ensuite "la possibilité de former une coalition d’opposition chiite au Liban", M. Al-Amine a révélé que "cette opportunité était viable, compte tenu de l’émergence de groupes opposants sur la scène politique". Il a toutefois regretté que les voix chiites opposantes soient muselées.

Il a, dans ce contexte, appelé L’État libanais "à jouer un rôle plus important dans la protection des droits de tous les citoyens, y compris le droit des chiites à exprimer leurs opinions".

Concernant le projet de construction d’un État et le rejet de la guerre, M. Al-Amine, a assuré que telles étaient les opinions dominantes dans la communauté chiite. Cependant, "lorsque la guerre a éclaté et que le pouvoir du duopole (Hezbollah et Amal) s’est renforcé, les intérêts des gens ont été liés à ceux qui contrôlaient la situation, de sorte que ces voix se sont tues".

C’est, selon lui, la voix du plus fort qui a pris le dessus et donc toute autre voix appelant au projet d’édification d’un État de droit souverain avec une intégration des armes extérieures à l’État dans le projet d’État a alors été étouffée", a-t-il aussi regretté.

En ce qui concerne l’influence de l’Iran sur les citoyens "chiites" dans divers pays arabes, M. Al-Amine a fait remarquer qu’"étant donné les conditions politiques et sociales dans certains pays arabes, on peut dire que l’Iran a partiellement réussi à influencer certains groupes chiites". Il a toutefois souligné que "nous devons comprendre que cette influence n’est pas absolue et que les chiites rejettent, en grande partie, cette vision".

L’uléma a alors appelé "à faire la distinction entre ces partis et groupes et les chiites en général, car les chiites du monde arabe appartiennent, avant tout, à leurs pays et à leurs peuples. Ils ne sont pas des citoyens iraniens".

"La loyauté doit aller au pays et à l’État et non aux partis et associations liés à l’étranger", a conclu le dignitaire chiite opposant.

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