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Dans le cadre des démarches entreprises par l’opposition en vue d’informer les dirigeants occidentaux de la réalité de la situation au Liban, une délégation regroupant des représentants des partis, formations et personnalités souverainistes a entamé une visite en Allemagne. Conduite par le député de Beyrouth Fouad Makhzoumi, la délégation comprend des députés des Forces libanaises, des Kataëb, du Renouveau (de Michel Moawad, Achraf Rifi et Fouad Makhzoumi), de la Rencontre démocratique (de Taymour Walid Joumblatt), ainsi que des députés indépendants. Berlin est la cinquième étape de ces tournées, qui ont déjà englobé Stockholm, Bruxelles, Washington et Paris.

Certains membres de la délégation estiment que ces visites compensent l’absence de diplomatie libanaise ou aussi le discours promouvant le projet du Hezbollah et de ses alliés au Liban. Par conséquent, il était impératif que l’opposition fasse entendre sa voix au monde et explique ses vues concernant la solution ainsi que les risques qui pèsent sur le Liban et les Libanais si l’hégémonie du Hezbollah persiste.

Notons que la délégation n’a pas eu besoin de s’en prendre au Hezbollah et à son rôle car Berlin connaît bien le parti chiite et l’a déjà classé comme organisation terroriste. Néanmoins, l’Allemagne n’exclut le dialogue et la communication avec aucune partie. Elle souhaite, en effet, jouer un rôle dans la résolution des crises politiques et économiques, et les deux étapes urgentes et nécessaires sur ce plan sont l’élection d’un président de la République et la conclusion d’un accord avec le Fonds Monétaire International.

Les membres de la délégation libanaise ont demandé aux autorités allemandes de faire en sorte que l’Allemagne prenne part aux démarches des cinq pays qui se sont réunis à Paris pour discuter de la situation libanaise, en l’occurrence la France, les États-Unis, l’Arabie saoudite, le Qatar et l’Égypte. Les députés libanais estiment que Berlin peut jouer le rôle de contrepoids face à Paris, qui maintient de bons rapports avec le Hezbollah. Cependant, les Allemands sont réticents face à cette proposition qui risquerait de ne pas obtenir l’aval de la France. Il n’en reste pas moins qu’ils feront bouger les choses dans ce domaine, dans l’espoir d’aboutir à un déblocage.

Les membres de la délégation libanaise ont également demandé, ou du moins une majorité d’entre eux, l’imposition de sanctions contre les alliés du Hezbollah, estimant que cela pourrait les amener à prendre leurs distances à l’égard du Hezb et à ne pas suivre son agenda. Mais la question reste de savoir si tous les Européens, en particulier les Français, sont actuellement favorables à de telles sanctions.

La visite de la délégation parlementaire de l’opposition souverainiste en Allemagne, ainsi que les visites qui l’ont précédée, clarifie ainsi aux dirigeants allemands la réalité de la situation sur la scène libanaise, en particulier pour ce qui a trait à la démocratie trompeuse qui est en réalité imposée par les forces de facto, entraînant le pays dans le chaos et l’effondrement.