Le député et chef du parti Kataëb, Samy Gemayel, a tiré jeudi la sonnette d’alarme, en relayant le ras-le-bol d’un grand nombre de Libanais vis-à-vis d’une situation insupportable. "Il n’est plus possible de coexister avec les armes illégales" du Hezbollah, lance-t-il au terme d’une réunion extraordinaire du bureau politique de son parti.

Celle-ci s’est tenue à Kahalé, dont un habitant, Fadi Bejjani, a été tué mercredi, lors de heurts avec des éléments armés du Hezbollah qui voulaient protéger un camion chargé d’armes et de munitions. Celui-ci s’était renversé au niveau du virage de la localité située dans le caza d’Aley.

Samy Gemayel donne le ton dès le début de sa conférence de presse. "Nous nous approchons du point de non-retour. Tous les incidents itinérants armés au Liban sont étroitement liés. Ils sont le résultat de la présence d’armes illégales aux mains de milices et d’individus qui bénéficient de la couverture d’un État dont le pouvoir de décision est hypothéqué", dit-il d’emblée, en avertissant: "Soit il y a une prise de conscience de la gravité de cette situation et un changement radical des comportements, soit nous nous orientons vers quelque chose de très grave." M. Gemayel a haussé le ton en mettant en garde indirectement contre une guerre. "Nous tenons ces propos parce que nous ne sommes pas une proie facile. Les Libanais sont réputés pour être des résistants. Nous n’accepterons pas de vivre sans dignité et sans liberté. Nous ne renoncerons pas à ces deux valeurs", martèle-t-il.

Il s’est ensuite adressé à l’armée qui, "nous le savons très bien, exécute des ordres". Mais, avertit-il, "le pouvoir politique est hypothéqué et l’équation qui a été imposée aux Libanais, à savoir le triptyque armée-peuple-résistance va causer la perte du pays". Par ailleurs, il invite les forces régulières, à qui il a rendu hommage, à "mettre fin aux abus", en soulignant qu’"elles ne peuvent plus fermer les yeux sur la circulation des armes et des miliciens, ainsi que sur les menaces que les deux font peser sur les Libanais".

"Que se serait-il passé si le camion était chargé d’explosifs et que ces engins avaient explosé? Comment aurions-nous réagi? , s’interroge le chef des Kataëb, avant de renchérir: "Nous ne sommes plus disposés à coexister avec des armes illégales et une milice armée."

"Tel est notre message principal aujourd’hui", ajoute-t-il, en appelant l’opposition à tenir des réunions pour plancher sur le dossier. "Nous devons passer des méthodes traditionnelles dans l’action politique à un niveau où il faudra adopter des décisions et des mesures extraordinaires."

Il a ensuite stigmatisé les tirs en l’air récurrents qui ont récemment coûté la vie à une petite fille à Hadeth. Celle-ci avait été touchée par une balle perdue alors qu’elle jouait dans la cour de récréation d’une école.