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Le leader spirituel de la communauté druze au Liban, le cheikh Akl Sami Abi el-Mona, a exprimé sa solidarité avec les habitants de la province de Soueïda, le fief de la communauté druze en Syrie, qui protestent contre les conditions de vie difficiles et le régime du président syrien Bachar el-Assad.

Dans un communiqué mardi, le bureau de cheikh Abi el-Mona a indiqué qu’il avait eu un entretien téléphonique avec son homologue à Soueïda, cheikh Hikmat el Hajri, pour "saluer sa position récente" et exprimer sa "solidarité totale avec les résidents de "Jabal el Arab" (nom par lequel la province du sud de la Syrie est connue) et son soutien à leurs revendications légitimes d’égalité, de justice et d’une vie digne."

Cheikh Abi el-Mona a condamné ce qu’il a qualifié de "décisions injustes et inéquitables" prises par les autorités syriennes à l’encontre du peuple, exhortant les habitants de Soueïda à se rassembler et à adopter une position unifiée "afin d’être entendus et de protéger leur patrimoine culturel, leur histoire et les générations futures."

Mardi, cheikh Abi el-Mona s’est également entretenu avec une délégation de haut niveau du Hezbollah, dirigée par le chef du bureau politique du parti, Ibrahim Amin el Sayed. Selon un communiqué du bureau du cheikh Akl, cette rencontre a porté sur "la situation au Liban" et les "moyens de prévenir l’effondrement des institutions étatiques".

Le communiqué ajoute : "La réunion a été l’occasion de réaffirmer que la communauté druze est ouverte à toutes les factions de la société libanaise, en espérant que le consensus puisse être atteint par le biais du dialogue, seul moyen de résoudre les nombreux défis et crises qui pèsent sur le pays et l’avenir de son peuple, que ce soit sur le plan économique, social ou présidentiel".

La déclaration de solidarité de cheikh Abi el-Mona avec les manifestations de Soueïda a été publiée peu de temps après la visite de la délégation du Hezbollah, allié fervent du président syrien.

À ce sujet, le porte-parole du cheikh Akl, Amer Zeineddine, a précisé que les discussions avec le Hezbollah n’ont pas abordé la situation à Soueïda.

De son côté, Wael Abou Faour, député druze du Parti Socialiste Progressiste (PSP), a nié tout contact entre le parti et la communauté druze en Syrie concernant les protestations. Il a déclaré à Ici Beyrouth : "Notre position à ce sujet a été clairement exprimée dans le communiqué du PSP. Ce qui se passe à Soueïda est un mouvement social interne qui ne nous concerne pas".

Le PSP a publié un communiqué dimanche exprimant son soutien à l’insurrection des habitants druzes de Soueïda : " Nous soutenons l’insurrection du peuple syrien dans le gouvernorat de Soueïda. Ils réclament un minimum de justice et aspirent à une vie digne, rejetant la politique d’humiliation et d’oppression que le régime syrien impose à tout son peuple, toutes régions confondues. Cela fait suite à des années de violences perpétrées par le régime, qui ont poussé la population à l’exil".

Les manifestations s’étendent

On rappelle que les protestations de Soueïda se sont déclenchées il y a plus de quatre jours suite à la décision du gouvernement de mettre fin aux subventions sur les carburants. La situation s’est aggravée mardi, s’étendant à de nombreux villages de la province.

Des sources à Soueïda ont indiqué à Ici Beyrouth que des centaines de nouveaux manifestants, venus de villages de toute la région, se sont rassemblés sur la place "al Sir" au cœur de la capitale de la province.

"Les manifestations prennent de l’ampleur rapidement. Les manifestations se sont étendues à plus de 35 régions de la province", ont indiqué les sources, qui ont requis l’anonymat par crainte de représailles.

Dans ce cadre, les manifestants ont exprimé leur colère devant au moins trois bureaux du Parti Baas au pouvoir. Ils ont déchiré et piétiné des photos du Président syrien Bachar el-Assad.

Parmi les slogans scandés devant les bureaux du Baas, l’on pouvait lire : "Vive la Syrie, à bas Bachar", "Désobéissance jusqu’à ce que le tyran tombe", et "Dégage Bachar". Ces slogans rappellent ceux de 2011, au début de la révolution syrienne qui s’est transformée au cours des douze dernières années en un conflit destructeur et sanglant.

Selon cette même source, "les manifestations gagnent progressivement en intensité et s’organisent davantage. L’objectif est d’imposer une grève générale et d’exercer une pression sur le gouvernement en empêchant les fonctionnaires d’accéder à leur lieu de travail ". Et d’ajouter : "de toute façon, les employés paient presque une journée de salaire pour se rendre au travail chaque jour".