Le chef du parti Kataëb, Samy Gemayel, s’est déchaîné mardi contre le Hezbollah, l’accusant de "prendre l’échéance présidentielle en otage et d’attendre d’en encaisser le prix pour débloquer la situation".

"Il est clair que le Hezbollah refuse de rencontrer les Libanais à mi-chemin", a-t-il lancé, lors d’une conférence de presse à l’issue de sa rencontre avec les ambassadeurs du Qatar et d’Égypte. Ces deux pays font partie du groupe des Cinq – aux côtés de l’Arabie saoudite, de la France et des États-Unis – qui a pris en charge le dossier de la présidentielle, bloqué depuis près d’un an. Récemment, le Qatar a lancé sa propre initiative à ce niveau, multipliant les démarches à l’échelle nationale et internationale en vue d’une sortie de crise.

"Nous avons retiré notre candidat Michel Moawad et avons soutenu la candidature de Jihad Azour (ancien ministre des Finances et directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international, NDLR) en guise de bonne volonté, pour mettre un terme à la vacance présidentielle. Le Hezb, de son côté, n’a entrepris aucune démarche pour faire élire un président de la République", a poursuivi M. Gemayel, soulignant que le parti pro-iranien insiste sur la candidature du chef des Marada, Sleiman Frangié.

"Nous sommes donc devant un choix, soit résister, soit nous soumettre, a martelé M. Gemayel. Soit nous refusons la logique du diktat, soit nous nous soumettons au candidat que le Hezbollah cherche à imposer. Si le Hezbollah est soucieux du pays, comme il le prétend, qu’il retire son candidat et qu’il en propose un autre. Nous choisirons alors entre les deux candidats ou nous nous dirigerons vers un troisième choix."

M. Gemayel a noté que c’est le camp souverainiste, qui "accepte le principe d’une entente sur un candidat agréé par toutes les parties", qui a lancé le dialogue, par le simple fait d’avoir retiré son candidat et d’avoir soutenu un candidat consensuel, alors que le camp obstructionniste s’obstine à imposer le sien. Pour Samy Gemayel, aucune initiative n’aboutira si une partie ne joue pas la carte de l’entente. "C’est l’axe obstructionniste qui refuse d’arriver à des solutions", a-t-il encore martelé.

Et Samy Gemayel de s’interroger sur les raisons pour lesquelles le Hezbollah demande des garanties, alors qu’"il est armé, qu’il a recours à la violence, qu’il est accusé d’avoir commis des attentats et qu’il gèle l’application de la Constitution au moment où son allié (le chef du législatif, Nabih Berry, NDLR) ne convoque pas à une séance électorale". "Ce sont les Libanais qui ont besoin de garanties, a-t-il insisté. Nous voulons des garanties pour préserver la République, l’État et les institutions, alors qu’il en veut pour protéger ses armes. Nous réclamons des garanties au niveau de la formation des gouvernements de manière que le Hezbollah ne donne pas la priorité aux intérêts de ses alliés."

S’adressant, dans ce contexte, aux émissaires et responsables étrangers qui cherchent à trouver une solution à la crise présidentielle, Samy Gemayel a affirmé qu’"il n’est pas vrai que les Libanais ne s’entendent pas". "La vérité, c’est que nous refusons qu’une seule partie impose son candidat, a-t-il fait savoir. Toutes les parties sont prêtes à se rencontrer à mi-chemin, sauf le Hezbollah qui ne cherche qu’à imposer son candidat. Par conséquent, si les pays étrangers veulent aider les Libanais, ils doivent s’entretenir avec le Hezbollah, car c’est lui, le problème."

Un nouveau 7 mai?

Réagissant, par ailleurs, aux propos tenus par le cheikh Nabil Kaouk, membre du conseil exécutif du Hezbollah, qui avait déclaré dimanche que "les factions qui prônent la confrontation sont devenues un lourd fardeau", M. Gemayel s’est adressé au secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lui demandant d’expliquer ce qu’il entend par "fardeau". "Est-ce une menace d’assassinat et d’un nouveau 7 mai?" s’est-il interrogé, en référence à l’agression du Hezbollah contre Beyrouth-Ouest et une partie de la montagne druze le 7 mai 2008.

"Est-ce le langage que vous prônez pour édifier un État avec les autres? a ajouté Samy Gemayel. Nous n’avons pas adopté et nous n’adopterons pas un tel langage. Le problème, c’est que vous proférez des menaces, adoptez une attitude condescendante et avez une milice anticonstitutionnelle." Et de conclure:  Si vous voulez vivre dans un seul pays, vous devez accepter ses conditions. Nous n’accepterons pas d’être des citoyens de seconde catégorie.

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