L’échange d’artillerie à la frontière sud, entre le Hezbollah et les forces israéliennes, dimanche matin, suscite de véritables inquiétudes quant à l’éventualité d’un engagement de la formation pro-iranienne dans le conflit militaire en cours entre le mouvement palestinien, Hamas, et Israël, à travers l’ouverture d’un nouveau front. Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, s’en était fait l’écho samedi, d’ailleurs, lorsque le Hamas avait attaqué des Kibboutz israéliens.

La tension qui a prévalu à la suite de cette escalade semble cependant limitée dans le temps et dans l’espace, selon des sources concordantes.

Les forces israéliennes ont fait savoir à la FINUL qu’elles ne veulent pas d’une escalade et qu’elles se sont contentées de "bombarder des zones ouvertes" à Chebaa pour riposter aux tirs du Hezbollah. Elles ont visé une tente, vide, de la formation chiite, dressée dans le secteur. Le Hezbollah s’est empressé d’en installer une autre. Un obus est aussi tombé à Khiam, un village frontalier du Liban-sud.

Du côté du Hezbollah, on indique que la formation chiite reste sur le qui-vive, sans vouloir en dire davantage. Les tirs de ce matin semblent être, à en croire des sources proches de la formation chiite, un message "direct" adressé aux Israéliens, sans pour autant que celle-ci ne prenne le risque d’entraîner le Liban dans un conflit armé avec l’État hébreu.

Le choix de Chebaa et de Kfarchouba, une zone occupée par Israël et qui fait l’objet d’un litige frontalier entre le Liban et Israël a été voulu, pour éviter d’embarrasser les autorités libanaises, indique-t-on de même source.

(AFP)

Tôt le matin dimanche, des tirs nourris d’obus ont été tirés à partir de Chebaa et de Kfarchouba, en direction du territoire israélien, entraînant une riposte israélienne immédiate.

Dans un communiqué, la "Résistance islamique" branche armée du Hezbollah, a revendiqué l’attaque, en indiquant que des unités des Forces de Imad Moghniyé (un cadre militaire supérieur du Hezbollah, tué dans un raid israélien à Damas, en 2008) "ont attaqué trois positions militaires israéliennes dans le secteur des hameaux de Chebaa, celle de Radar, de Zebdine et de Roueissate el-Alam". "Plusieurs salves d’obus ont été tirés en direction des trois postes qui ont été directement touchés", selon le texte.
Les soldats israéliens postés de l’autre côté de la frontière ont immédiatement réagi, en bombardant les sources de tirs. Ils ont ensuite annoncé avoir abattu un drone du Hezbollah. Deux personnes ont été légèrement blessées à Kfarchouba et ont été transportées à l’hôpital gouvernemental de Marjeyoun.

Deux heures plus tard, deux obus étaient de nouveau tirés en direction du territoire israélien à partir de Chebaa, entraînant également une riposte israélienne. L’armée israélienne a demandé aux habitants des colonies proches de la frontière de se réfugier dans les abris.

" Nous recommandons au Hezbollah de ne pas intervenir. S’il le fait, nous sommes prêts ", a prévenu le porte-parole de l’armée israélienne, Richard Hecht.

Ce regain de la tension à la frontière a poussé des habitants de certains villages libanais à se rendre à Beyrouth, de peur d’une escalade, selon notre confrère Houna Loubnan.

Pour sa part, l’armée qui a fait état de l’échange matinal de tirs d’artillerie, a annoncé dans un communiqué que ses unités se sont déployées depuis samedi tout le long de la frontière. " Elles patrouillent en permanence dans le secteur. Elles surveillent de près la situation sur le terrain, en coordination avec la Force intérimaire des Nations Unies au Liban ", selon le texte.

La coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban (UNSCOL), Joanna Wronecka, et le porte-parole de la Finul, Andrea Tenente, ont appelé à la retenue.

Mme Wronecka a insisté sur le nécessité d’un "respect de la cessation des hostilités et de la résolution 1701" du Conseil de sécurité.

M. Tenente a annoncé que le commandement de la FINUL a pris contact avec les deux parties pour éviter une escalade.