L'affaire du départ présumé, au cours des trois derniers mois, de plusieurs dizaines de jeunes Tripolitains pour l’Irak, afin d’y rejoindre les rangs du groupe Etat islamique (Daech), continue de défrayer la chronique, d’autant que des efforts sont menés afin de rapatrier un grand nombre d'entre eux, notamment parmi ceux qui ne font l’objet d’aucun mandat d’arrêt.
Toute cette affaire suscite de nombreuses interrogations surtout que la stigmatisation continue de la ville, présentée souvent comme étant le refuge de terroristes, peut cacher plusieurs desseins.
Tripoli est une des villes les plus pauvres du bassin méditerranéen. Elle rassemble de ce fait tous les facteurs qui poussent normalement des jeunes à fuir la pauvreté, au péril de leur vie. Dans ce contexte, il est intéressant de rappeler qu’avant que l’adhésion présumée au groupe Etat islamique ne soit soulevée, des Tripolitains quittaient la ville à bord d’embarcations de fortune, surnommées « les barques de la mort » vers les côtes européennes, dans l’espoir d’un avenir meilleur, alors que la crise économique et sociale ne faisait que s’aggraver au Liban. Plusieurs y avaient laissé leur vie.
Les départs pour l’Irak auraient d’autres motivations. Ici Beyrouth a pu recomposer les faits grâce à des informations fournies par les FSI, les parents des jeunes qui sont partis et des personnalités tripolitaines qui ont suivi cette affaire. Le tout a commencé en août dernier, avec l'assassinat d'Ahmad Mourad – un ancien membre du service des renseignements de l'armée libanaise – aussi connu sous le nom d’Abou Ziad Mourad– par des éléments armés à bord d’une moto. Selon les résultats de l’enquête menée, le crime aurait été commis par des individus membres d’une cellule de Daech. Quelques semaines plus tard, en septembre, la direction du service des renseignements arrêtait à Tripoli des personnes accusées de former une cellule de Daech et d’avoir acquis des armes et des munitions afin de déstabiliser la ville, profitant de la détérioration socio-économique au Liban.
Selon les informations obtenues, des mandats d'arrêt ont été émis contre des dizaines d'habitants de la ville, poussant ces derniers à s’enfuir vers l’Irak « pour y rejoindre le groupe Etat islamique ». Si les détails fournis sur l’implication de Daech dans l’assassinat d’Ahmad Mourad sont précis, ceux qui se rapportent aux départs pour l’Irak et à l’adhésion présumée de dizaines de Tripolitains au groupe terroriste restent vagues. Selon les explications avancées, la vague d’arrestation a poussé les personnes poursuivies à « répondre rapidement à des offres du groupe Etat islamique de rejoindre ses rangs en Irak, de peur d'être arrêtés au Liban ». Parallèlement, Daech « a essayé de recruter d'autres jeunes, notamment des mineurs pauvres, en leur faisant croire qu’ils contribueraient à la libération des femmes et enfants - détenus par les autorités iraquiennes- de combattants libanais de l'organisation, morts en Syrie ou en Irak ».
Selon des sources qui disent avoir pris connaissance du dossier, plus de 130 Tripolitains sont partis en Irak via la Syrie, par groupes de 30 ou de 50 personnes. Ces sources ne précisent pas comment ces groupes ont pu traverser des régions sous contrôle des forces syriennes mais indiquent que les jeunes recrues suivaient un entraînement en Syrie, avant d’être envoyés aux fronts en Irak.
De nombreux parents ont dit n’avoir pas essayé de prendre contact avec leurs enfants à partir du moment où ils ont découvert qu’ils étaient partis. Le frère d’un jeune tué en Irak confie à Ici Beyrouth qu'il n’a même pas essayé de communiquer avec les amis de ce dernier pour en savoir un peu plus sur son décès ou tenté de rapatrier son corps, de peur d'être accusé d'appartenir à Daech, ce qui pourrait lui valoir plusieurs mois en prison avant de pouvoir prouver son innocence. Selon lui, ce dossier est « aux mains des autorités libanaises qui devraient rapatrier les corps de ceux qui sont tués en Irak ».
Quoi qu’il en soit, de sources de sécurité libanaises, on exclut un retour du groupe Etat islamique au Liban et on estime que le fait même qu’il recrute de jeunes Libanais qui iraient servir en Irak, montre qu’il n’a pas de projets pour le moment au Liban et qu’il se concentre toujours sur la Syrie et l’Irak. Il n’en demeure pas moins que pour ces sources, le fait qu’il ait réussi à enrôler plus de 130 personnes en l’espace de deux mois est un indicateur inquiétant de l’importance de ses effectifs, ce qui commande la vigilance face notamment à un éventuel réveil de cellules dormantes qui pourraient intervenir à tout moment sur le terrain dans les mois à venir, si jamais le groupe se retrouve dans une situation difficile.
Toute cette affaire suscite de nombreuses interrogations surtout que la stigmatisation continue de la ville, présentée souvent comme étant le refuge de terroristes, peut cacher plusieurs desseins.
Tripoli est une des villes les plus pauvres du bassin méditerranéen. Elle rassemble de ce fait tous les facteurs qui poussent normalement des jeunes à fuir la pauvreté, au péril de leur vie. Dans ce contexte, il est intéressant de rappeler qu’avant que l’adhésion présumée au groupe Etat islamique ne soit soulevée, des Tripolitains quittaient la ville à bord d’embarcations de fortune, surnommées « les barques de la mort » vers les côtes européennes, dans l’espoir d’un avenir meilleur, alors que la crise économique et sociale ne faisait que s’aggraver au Liban. Plusieurs y avaient laissé leur vie.
Les départs pour l’Irak auraient d’autres motivations. Ici Beyrouth a pu recomposer les faits grâce à des informations fournies par les FSI, les parents des jeunes qui sont partis et des personnalités tripolitaines qui ont suivi cette affaire. Le tout a commencé en août dernier, avec l'assassinat d'Ahmad Mourad – un ancien membre du service des renseignements de l'armée libanaise – aussi connu sous le nom d’Abou Ziad Mourad– par des éléments armés à bord d’une moto. Selon les résultats de l’enquête menée, le crime aurait été commis par des individus membres d’une cellule de Daech. Quelques semaines plus tard, en septembre, la direction du service des renseignements arrêtait à Tripoli des personnes accusées de former une cellule de Daech et d’avoir acquis des armes et des munitions afin de déstabiliser la ville, profitant de la détérioration socio-économique au Liban.
Selon les informations obtenues, des mandats d'arrêt ont été émis contre des dizaines d'habitants de la ville, poussant ces derniers à s’enfuir vers l’Irak « pour y rejoindre le groupe Etat islamique ». Si les détails fournis sur l’implication de Daech dans l’assassinat d’Ahmad Mourad sont précis, ceux qui se rapportent aux départs pour l’Irak et à l’adhésion présumée de dizaines de Tripolitains au groupe terroriste restent vagues. Selon les explications avancées, la vague d’arrestation a poussé les personnes poursuivies à « répondre rapidement à des offres du groupe Etat islamique de rejoindre ses rangs en Irak, de peur d'être arrêtés au Liban ». Parallèlement, Daech « a essayé de recruter d'autres jeunes, notamment des mineurs pauvres, en leur faisant croire qu’ils contribueraient à la libération des femmes et enfants - détenus par les autorités iraquiennes- de combattants libanais de l'organisation, morts en Syrie ou en Irak ».
Selon des sources qui disent avoir pris connaissance du dossier, plus de 130 Tripolitains sont partis en Irak via la Syrie, par groupes de 30 ou de 50 personnes. Ces sources ne précisent pas comment ces groupes ont pu traverser des régions sous contrôle des forces syriennes mais indiquent que les jeunes recrues suivaient un entraînement en Syrie, avant d’être envoyés aux fronts en Irak.
De nombreux parents ont dit n’avoir pas essayé de prendre contact avec leurs enfants à partir du moment où ils ont découvert qu’ils étaient partis. Le frère d’un jeune tué en Irak confie à Ici Beyrouth qu'il n’a même pas essayé de communiquer avec les amis de ce dernier pour en savoir un peu plus sur son décès ou tenté de rapatrier son corps, de peur d'être accusé d'appartenir à Daech, ce qui pourrait lui valoir plusieurs mois en prison avant de pouvoir prouver son innocence. Selon lui, ce dossier est « aux mains des autorités libanaises qui devraient rapatrier les corps de ceux qui sont tués en Irak ».
Quoi qu’il en soit, de sources de sécurité libanaises, on exclut un retour du groupe Etat islamique au Liban et on estime que le fait même qu’il recrute de jeunes Libanais qui iraient servir en Irak, montre qu’il n’a pas de projets pour le moment au Liban et qu’il se concentre toujours sur la Syrie et l’Irak. Il n’en demeure pas moins que pour ces sources, le fait qu’il ait réussi à enrôler plus de 130 personnes en l’espace de deux mois est un indicateur inquiétant de l’importance de ses effectifs, ce qui commande la vigilance face notamment à un éventuel réveil de cellules dormantes qui pourraient intervenir à tout moment sur le terrain dans les mois à venir, si jamais le groupe se retrouve dans une situation difficile.
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