Le Conseil des ministres s’est réuni jeudi après-midi au Grand Sérail, sous la présidence du Premier ministre sortant, Najib Mikati, et en présence du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, ainsi que des chefs des différents services de sécurité pour discuter de deux sujets: la situation explosive à la frontière sud avec Israël et la présence massive des déplacés et des migrants syriens.

À l’issue de la réunion, M. Mikati a estimé que "le Liban est dans l’œil du cyclone et que ce qui se passe à notre frontière sud suscite une grande inquiétude et une ferme condamnation", ajoutant que "les incidents qui ont lieu le long de la Ligne bleue sont le résultat des provocations israéliennes et de la violation par Israël de la résolution 1701 de l’ONU".

Il a ainsi souligné "la détermination du Liban à mettre en œuvre les résolutions internationales, notamment la 1701", faisant valoir à cet effet "le rôle de l’armée en ce moment difficile" ainsi que l’importance d’une "coopération étroite entre l’armée et les forces de la Finul pour maintenir la stabilité". Il a ajouté: "Nous sommes en contact, non seulement avec les responsables internationaux, mais également avec tous les acteurs politiques locaux pour les exhorter à la maîtrise de soi".

M. Mikati a affirmé que "le Liban dénonce fermement les actes criminels perpétrés par Israël à Gaza", soulignant "la solidarité totale avec le peuple palestinien, dont la cause est juste". Il a ajouté que "les raisons de cette guerre sont connues, à savoir l’absence d’une solution juste à la question palestinienne et les attaques répétées contre les lieux saints des musulmans et des chrétiens".

"J’appelle les forces actives de la communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité de l’ONU, à assumer leurs responsabilités et à faire pression en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza" a lancé M. Mikati, qui a plaidé pour "la mise en œuvre de l’initiative de paix arabe approuvée lors du Sommet arabe tenu à Beyrouth en 2002 comme feuille de route unique pour parvenir à la paix et donner aux Palestiniens leurs droits légitimes".

Il a également indiqué "avoir rencontré le ministre sortant des Affaires étrangères qui l’a informé des résultats de la réunion de la Ligue arabe et de l’attachement des pays arabes au Liban et à la stabilité dans ce pays".

Quant au dossier des déplacés syriens, qui a par ailleurs été évoqué lors de la séance, M. Mikati a déclaré: "Nous n’avons pas abordé et n’aborderons pas cette question d’un point de vue raciste, mais plutôt dans l’optique de protéger les intérêts du Liban et des Libanais". Il a ainsi insisté sur la nécessité de "rassembler les Libanais autour d’une position unifiée visant à rapatrier les déplacés le plus rapidement possible".

Le chef du gouvernement a indiqué que le ministre sortant des Affaires étrangères se rendra en Syrie le 23 octobre pour discuter du dossier des déplacés syriens.

M. Mikati a aussi précisé qu’il a demandé que le Haut-Comité de secours se réunisse urgemment pour discuter des préparatifs qui s’imposent pour faire face a la crise.

Dans une pique lancée aux ministres du Courant patriotique libre, M. Mikati a estimé que "si, au début, certains ont choisi le boycott comme position politique afin de faire pression pour l’élection d’un nouveau président de la République, le gouvernement n’est pas concerné par ce dossier, et le boycott n’est plus utile". Rappelons que le CPL boycotte la plupart des séances ministérielles et accuse le chef du gouvernement de s’arroger les prérogatives du président de la République.

Par ailleurs, M. Mikati a souligné la nécessité "d’accélérer le processus de l’élection d’un président de la République".

Selon des sources ministérielles, même si l’ambiance générale de la réunion était à la détente, les ministres avaient des visions divergentes concernant le conflit Israël- Hamas et l’implication du Liban. Ceux du tandem Amal-Hezbollah ont haussé le ton, parlant "d’opprimés et d’oppresseurs dans un discours démagogique", alors que d’autres ministres prônaient "les discussions et l’éveil à l’intérêt national".

À ce propos, selon les sources précitées, le ministre sortant du Tourisme, Walid Nassar, a rappelé que "la décision de guerre et de paix doit appartenir au gouvernement en l’absence d’un président de la République".

Déplacés: des rapports non représentatifs

Concernant les déplacés syriens, les différents services de sécurité ont présenté les comptes-rendus et rapports relatifs aux déplacés. Néanmoins, selon les sources précitées, les chiffres ne sont pas représentatifs et ne sont surtout pas proportionnels au nombre de réfugiés puisque ceux-ci sont comptabilisés par milliers alors qu’ils devraient l’être par centaines de milliers.

La prochaine session du cabinet se tiendra jeudi prochain avec, à l’ordre du jour et entre autres, le problème de l’adjudication du secteur postal.