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Le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, fait de son mieux pour mettre des bâtons dans les roues à la prolongation du mandat du commandant en chef de l’armée, Joseph Aoun.

Selon le numéro de mercredi du journal Nidaa al-Watan, M Bassil aurait dépêché le ministre sortant de la Défense, Maurice Slim, chez le Premier ministre sortant, Najib Mikati, pour l’informer que le CPL est prêt à réintégrer le Conseil des ministres et à tourner la page des "positions de principes" qui refusent que le Conseil des ministres prenne des décisions en l’absence d’un président, notamment la nomination d’un Conseil militaire et d’un nouveau commandant en chef.

Dans ce contexte, toujours selon Nidaa al-Watan, trois noms ont été proposés par le CPL pour diriger l’armée. Il s’agirait d’Elias Akl, de Maroun Qobyati et de Tony Kahwaji.

Depuis la fin du mandat de son beau-père en octobre 2022, M. Bassil, faute de pouvoir se faire élire lui-même, essaie de s’imposer comme le pion incontournable dans l’élection présidentielle. De même, M. Bassil s’oppose ouvertement à la reconduction de Joseph Aoun à la tête des troupes, dans l’unique but de lui barrer la route de Baabda.

S’étant rendu chez le patriarche maronite samedi, M. Bassil n’a pas apprécié la déclaration de ce dernier, à l’issue de son sermon de dimanche. Assurant que la prolongation du mandat de Joseph Aoun était une chose nécessaire afin de "préserver la stabilité au Liban", Mgr Béchara Raï avait précisé qu’il n’est pas dans l’intérêt du gouvernement de procéder à des changements à la tête de l’armée.

Lorsque M. Mikati a demandé des clarifications sur le consensus chrétien concernant la personne du commandant en chef de l’armée et l’ensemble du Conseil militaire, la réponse était que la couverture du CPL était suffisante vu qu’elle serait nécessairement acceptée par le Hezbollah et son allié Nabih Berry, président de la Chambre.

M. Slim aurait justifié la démarche de M. Bassil par la nécessité de suivre la situation de la guerre à Gaza tandis qu’il est sous-entendu que M. Bassil et l’équipe de la moumanaa voudraient saisir l’occasion de ces circonstances exceptionnelles au Liban-Sud pour établir un "coup d’État" au sein de l’armée de crainte que les arrangements post-guerre n’imposent des équations nécessitant des dirigeants du calibre de Joseph Aoun.

La motivation principale de M. Bassil étant bien sûr d’éloigner J. Aoun du commandement de l’armée et de réduire ses chances d’accéder à la présidence de la République.

Certains observateurs estiment, toujours selon Nidaa al-Watan, que si ce scénario se déroule, ceci conduira à la perte du soutien financier et moral que l’armée reçoit des États-Unis et des pays du Golfe. De plus, l’armée perdra la confiance d’une grande partie du peuple libanais qui la considère comme une institution unifiée.