Le Premier ministre du gouvernement d’expédition des affaires courantes, Najib Mikati, sera à la tête de la délégation libanaise lors du sommet arabe d’urgence prévu à Riyad le 11 novembre prochain. Le sommet en question aura pour objectif de forger une position arabe unifiée appelant à un cessez-le-feu immédiat à Gaza.
La position que M. Mikati devra prendre ne sera pas de toute aisance, étant donné que le Hezbollah continue d’exacerber les tensions avec Israël à la frontière sud, en s’engageant dans des affrontements et des échanges de tirs d’artillerie journaliers. Les dirigeants arabes, quant à eux, exhorteront la communauté internationale à faire pression sur Israël pour que celui-ci cesse les bombardements en vue de promouvoir une désescalade du conflit.
Deux jours avant la tenue du sommet, la formation pro-iranienne a exprimé son scepticisme à l’égard de l’impact qu’aurait cette réunion sur les événements à Gaza et son efficacité quant à l’interruption du massacre perpétré par Israël (plus de 10.000 Palestiniens – majoritairement civils – dont plus de 4.000 enfants, ont déjà été tués).
Nabil Kaouk, membre du conseil central du Hezbollah, a déclaré, non sans ironie, qu’Israël «ne craint pas les discours prononcés lors des sommets arabes, même s’il y en a des tonnes. L’État hébreu craint surtout les balles et les missiles lancés par la résistance depuis le sud du Liban et Gaza».
Selon lui, les Palestiniens de Gaza «ne veulent ni les Arabes, ni leurs armées, ni leurs armes. Ils veulent avant tout que ceux-ci coupent court avec l’ennemi israélien». Et M. Kaouk d’ajouter que le Hezbollah «ne mettra pas fin à ses opérations tant que les agressions contre Gaza se poursuivront».
Un Liban profondément divisé participera à ce sommet arabe durant lequel il réitérera son engagement à respecter la résolution 1701 des Nations Unies, ainsi que sa volonté de rester à l’écart du bourbier de Gaza – même si le pays du cèdre s’est déjà indirectement engagé dans cette guerre du fait des opérations, jusque-là limitées, menées par le Hezbollah.
Le conseiller de M. Mikati et ancien ministre, Nicholas Nahhas, a déclaré à Ici Beyrouth que le premier ministre soulignera les efforts déployés par le Liban pour éviter une guerre totale et demandera le soutien des États participants à cette fin. Ce soutien prendra la forme d’un appel lancé à la communauté internationale pour que celle-ci exhorte Israël à ne pas élargir l’étendue des affrontements.
Najib Mikati – ayant déjà confirmé que le choix de participer, ou non, à cette guerre n’est pas du ressort de l’État libanais – présenterait lors de ce sommet un plan de paix potentiel à Gaza, afin d’éviter que le conflit ne s’étende au Liban.
M. Mikati a déjà fait une tournée dans les capitales de la région et s’est entretenu avec des diplomates et politiciens occidentaux, dans le but de les convaincre de trouver une sortie de crise et éviter l’escalade de la violence. Le premier ministre souhaite, plus particulièrement, empêcher le Hezbollah de combattre Israël et de provoquer, de ce fait, une déflagration régionale.
Dans ce même contexte, 32 députés opposés au Hezbollah et à l’axe iranien ont appelé la Ligue des États arabes – en amont du sommet – à écarter la possibilité d’entraîner le Liban dans une guerre contre Israël.
Des parlementaires issus de partis politiques différents ont signé un communiqué, déclarant qu’«il ne fait pas de doute que le Liban se trouve au cœur de la crise menaçant la région, et que son peuple craint un éventuel élargissement du conflit dont il n’est guère le décideur, étant donné que l’autorité du gouvernement libanais est brimée par une organisation paramilitaire illégale au service d’un axe régional, dont les décisions sont prises aux dépens de la sécurité, de la stabilité et des intérêts stratégiques du Liban».
Ces mêmes députés ont de même demandé aux États participant au sommet arabe d’aider le Liban à appliquer les résolutions 1701, 1559 et 1680 dans leur intégralité, de sorte à libérer le sud du pays de toute présence armée, hormis celle de l’armée libanaise et de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL).
Finalement, les parlementaires ont ajouté que «les Libanais refusent d’être entraînés contre leur gré dans une guerre ouverte», et que «le Liban s’est déjà engagé, malgré lui, dans une guerre partielle qui a coûté la vie à des enfants, des civils et des journalistes, et a précipité le déplacement de dizaines de milliers d’habitants».
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